Reprise de la guerre entre le Polisario et le Maroc : des juristes accusent l’ONU
Par Nabil D. – «Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc, dont seize de guerre, et vingt-neuf ans depuis que la mission de l’ONU, Minurso, a été déployée sur le territoire pour assurer la tenue du référendum. Ce processus a été géré par six secrétaires généraux à la tête de l’ONU, a exigé la désignation de cinq Envoyés personnels et de quinze Représentants spéciaux pour la mise en œuvre du plan de règlement pour le Sahara Occidental, a donné lieu à la préparation d’une centaine de rapports du Conseil de sécurité de l’ONU et d’une centaine d’autres rapports des différents secrétaires généraux de l’ONU. Et, pendant ce temps, la situation du peuple du Sahara Occidental reste la même qu’en 1975, voire pire à cause de la tragédie cumulée au cours de ces décennies», s’indigne l’Association internationale des juristes pour le Sahara Occidental.
«Le plan de règlement pour le Sahara Occidental a été conçu en 1990 comme un ensemble cohérent de mesures interdépendantes dont le but est d’assurer que le peuple du Sahara Occidental décide, lors d’un référendum, entre l’indépendance ou l’intégration au Maroc. Le cessez-le-feu proclamé le 6 septembre 1991, tout en étant l’un des aspects fondamentaux du plan, n’était pas un but en soi, mais la condition préalable à la mise en place d’autres mesures fondamentales», rappelle l’Association.
Les mesures fondamentales en question consistent en le déploiement d’une Mission de l’ONU dans le territoire (Minurso), la réduction progressive, et par étapes, de la présence des forces marocaines stationnées au Sahara et, surtout, l’organisation et le contrôle du référendum par l’ONU en coopération avec ce qui était alors l’Organisation de l’unité africaine (OUA), auquel devaient participer les Sahraouis enregistrés. La date du vote était prévue pour la fin janvier 1992.
«Alors que le cessez-le-feu a été établi à la date prévue, la période transitoire nécessaire à la préparation du référendum, censée suivre aussitôt dans le plan de règlement, n’a jamais commencé, créant dans toute la région du Maghreb une situation tendue et fragile de ni guerre ni paix», dénoncent les juristes, qui rappellent l’ONU à ses responsabilités, en tant que «responsable ultime de la mise en œuvre du plan de règlement et de l’accomplissement de ses propres résolutions pour achever la décolonisation du Sahara Occidental par la tenue du référendum».
«Cependant, regrette le collectif d’avocats, près de trente ans après le cessez-le-feu, elle (l’ONU, ndlr) n’a pas réussi à débloquer l’application du plan pour résoudre le conflit», en faisant remarquer que «depuis la démission du précédent Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental en mai 2019, l’absence de nomination d’un successeur a créé une situation sans précédent, laissant un vide de plus d’un an dans la voie vers la paix».
N. D.
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