Guergarate : l’ambassadeur d’Algérie à Rome remet les pendules à l’heure
De Rome, Mourad Rouighi – Réagissant à des propos et des écrits que certains quotidiens en Italie ont été contraints de relayer au sujet de l’agression de Guergarate, reproduisant une propagande des plus médiocres et recourant à des éléments de langage rouillés, l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Ahmed Boutache, a multiplié ces derniers jours les interviews avec des médias de la presse écrite et télévisuelle et a tenu à faire les mises au point qui s’imposent auprès d’une opinion publique avide plus que jamais de davantage de déontologie journalistique, s’agissant de la réalité des faits, des allusions loufoques, des informations inexactes et farfelues, répétées ici et là, qui concerneraient le rôle présumé et la position de notre pays.
Et c’est précisément dans ce but que le diplomate algérien a veillé, à chaque fois, à fournir un cadrage exhaustif au bénéfice des lecteurs et téléspectateurs italiens, en rappelant certains outils d’approche, fort utiles pour une bonne compréhension des tenants et aboutissants.
«En premier lieu, nous parlons là d’un conflit vieux de plus 40 ans, qui est reconnu sur le plan international comme faisant partie d’un processus de décolonisation ; ce n’est pas l’Algérie qui le dit, c’est la communauté internationale qui l’affirme. Partant de ce fait acquis, l’incident de Guergarate est un fait grave qui pourrait avoir des effets dangereux sur toute la région et, disons-le clairement, les hostilités ont été déclenchées à l’initiative du Maroc, notamment pour des raisons économiques. En effet, l’économie marocaine connaît de graves difficultés, avec une dette correspondant à environ 90% de son PIB», a-t-il fait remarquer.
«Hélas, avec la complicité d’un certain nombre de pays, y compris des pays européens, le Maroc s’est arrogé le droit de piller les ressources naturelles et autres richesses du Sahara Occidental qu’il commercialise indûment au profit de son économie et ce, au mépris du droit international», a-t-il regretté. Et de poursuivre : «Tout le monde sait que la question du Sahara Occidental est une question de décolonisation qui est entre les mains de l’ONU mais, aujourd’hui, le peuple sahraoui est au bord du désespoir et se trouve au seuil d’une crise humanitaire, aggravée par la pandémie en cours, tout simplement parce que la communauté internationale n’a pas honoré ses engagements pris pour qu’il puisse exercer librement son droit à l’autodétermination. Or, au lieu de soulager cette souffrance qui, au passage, aura assez duré, certains voudraient associer notre pays au titre de responsable du blocage diplomatique actuel ; une thèse farfelue que nous réfutons catégoriquement.»
«L’Algérie, en Afrique et ailleurs, a de tout temps appelé et œuvré pour la paix, au règlement des conflits, privilégiant toujours, et avec conviction, la voie diplomatique et nous sommes un pays totalement pacifique qui défend les causes justes, comme celle du Sahara Occidental», a encore souligné Ahmed Boutache.
«D’ailleurs, nombre d’Italiens que je rencontre dans le cadre de mes activités plaident, eux aussi, en faveur d’une résolution du problème dans le cadre des Nations unies, en accélérant le processus du référendum, à travers lequel le peuple sahraoui pourra décider de son sort, lui-même et en toute liberté», a-t-il souligné, avant de conclure que «notre pays, qui a tant pâti durant la longue page coloniale, ne saurait cautionner le supplice d’un autre peuple, qui nous interpelle tous, chaque jour, et nous dit qu’il entend agir conformément au droit international, mais aussi qu’il n’est pas près de se résigner à la logique du fait accompli».
M. R.
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