Saïd Bouhadja : retour sur un «putsch» qui annonçait une tempête politique
Par Karim B. – Septembre 2018. C’était le noir total ! Qui fallait-il croire ? Le très informé canal médiatique officieux sous Bouteflika Ennahar TV annonçait avec insistance la démission de Saïd Bouhadja, alors président de l’APN, ce dernier démentait sur un autre média avoir jeté l’éponge. Que s’est-il passé ? Saïd Bouhadja avait-il été limogé et apprenait-il sa propre démission à travers la presse ? Tenait-il tête à ceux qui l’auraient dégommé en refusant d’admettre qu’il venait d’être poussé vers la porte de sortie suite à son bras de fer avec l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, aujourd’hui en prison ?
Il y avait dans ce énième cafouillage comme une inquiétante étrangeté. Il était difficile de croire qu’Ennahar TV se fût précipité d’annoncer une fausse nouvelle. Comme il était difficile de croire que le principal concerné n’eût pas été mis au courant de sa fin de mission à la tête du Parlement, la démission volontaire – cela tout le monde le sait – étant bannie de la pratique politique dans notre pays.
Cette cacophonie intervenait après la longue série de changements qui avaient concerné l’institution militaire et la contradiction flagrante qui s’en était suivie entre les propos rassurants de l’ex-chef d’état-major de l’armée et les sanctions prises à l’encontre de responsables de la DGSN et du MDN pour avoir continué d’agir envers un ancien chef de Région militaire limogé comme s’il était encore en fonction. Elle intervenait aussi après les rumeurs sur la volonté «exprimée» par l’ex-secrétaire général de l’UGTA de rendre le tablier pour cause de maladie. Abdelmadjid Sidi-Saïd s’était empressé d’expliquer que ses propos avaient été mal compris et qu’il n’envisageait pas, pour le moment, de se retirer du secrétariat général de la centrale syndicale.
C’étaient, en tout cas, les prémices d’une crise politique qui allait mener le pays vers des lendemains incertains. Et le cas Saïd Bouhadja semble avoir été, avec le recul, un des signes avant-coureurs de ce que le pays allait vivre quelques mois plus tard. Car l’embrouillamini autour de la démission – ou pas – du troisième personnage de l’Etat confortait déjà l’opinion dans ses doutes sur le(s) centre(s) de décision et soulevait des interrogations sur les querelles de chapelle qui opposaient deux parmi les principaux acteurs de la vie politique nationale – l’ex-patron du FLN et l’ex-président du Parlement issu du même parti – et qui entamait un peu plus la confiance, déjà fragile, des citoyens envers les institutions de l’Etat.
La suite, tout le monde la connaît.
K. B.
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