Sondage : plus de 80% des Espagnols excédés par le «chantage» marocain
Par Nabil D. – Un sondage de l’institut SocioMetrica publié par le journal en ligne El-Espanol révèle une grande colère des Espagnols vis-à-vis du régime marocain. Selon l’étude, 83% des personnes interrogées pensent que le Maroc «agit de manière hostile en tant que complice de l’immigration de masse», estimant que le Makhzen organise des vagues de migration vers l’Espagne de façon préméditée pour pousser Madrid à se plier aux exigences marocaines.
Selon des sources informées, la colère gronde également au sein des institutions officielles espagnoles, notamment au sein de l’armée, et plus particulièrement dans la marine, témoin de tous les actes criminels du Makhzen, de la migration organisée au terrorisme, en passant par le trafic de drogue. Il faudra s’attendre à des réactions sévères dans les semaines et les mois à venir, indiquent nos sources qui croient savoir que «la fin du soutien inconditionnel à la narco-monarchie marocaine et à ses thèses sur le Sahara Occidental est proche».
Un des signes révélateurs de ce changement de cap de Madrid et du durcissement de ses positons à l’égard de Rabat, la visite du roi Felipe à Ceuta et Melilla en juillet dernier. Une visite inédite depuis celle effectuée treize ans auparavant par le roi Juan Carlos et qui avait provoqué la colère du Makhzen au point d’avoir rappelé son ambassadeur à Madrid sur ordre du roi Mohammed VI et d’organiser des «manifestations spontanées» pour dénoncer cette toute première visite officielle du souverain espagnol dans ces deux villes depuis son accession au trône en 1975.
Une visite symbolique qui intervient après que Madrid eut «convaincu» Rabat de mettre fin aux arrivées massives de migrants subsahariens en Espagne, enregistrant ainsi une nette diminution sur les neuf premiers mois de 2019. Le Maroc, qui avait, en fait, conclu des accords assortis d’aides avec l’Espagne, avait exercé un vil «chantage des robinets migratoires» en contrepartie de quoi, «il ne devait plus laisser autant d’embarcations qu’auparavant quitter ses côtes à destination du littoral espagnol, distant de moins de 300 km», écrivaient les médias à l’époque.
Selon les chiffres communiqués par les services de l’immigration espagnols, depuis le mois de janvier 2019, 15 683 migrants sont arrivés en Espagne par mer, soit moitié moins que sur les huit premiers mois de 2018. Pour Eduard Soler, spécialiste espagnol de la géopolitique en Afrique du Nord, interrogé par l’AFP, «le Maroc a constaté que la carte migratoire est un instrument de pression très utile». «Les moments où les relations bilatérales Maroc-Espagne étaient difficiles ont coïncidé avec une augmentation des arrivées de migrants en Espagne et ceux où elles s’amélioraient avec une baisse drastique», a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, les Espagnols expriment leur ras-le-bol et refusent de continuer à se laisser entraîner dans ce jeu malsain du Makhzen.
N. D.
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