Complot contre le ministre Darmanin à cause de ses origines algériennes ?
Par Abdelkader S. – Il y a trop de coïncidences pour que cela soit le fruit du hasard. Trois événements successifs ont bouleversé la France, «Mecque de la démocratie». L’évacuation musclée de migrants à la place de la République, l’arrestation extrêmement violente d’un producteur de musique, toujours à Paris, et l’article controversé – mal rédigé, assure-t-on – dans la loi dite «sur la sécurité globale» ont mis Gérald Darmanin sur la sellette.
Des sources françaises indiquent que le président Emmanuel Macron a convoqué son ministre de l’Intérieur pour lui faire comprendre qu’il était agacé par les dépassements constatés dans les rangs de la police. Selon ces sources, le locataire de l’Elysée compterait sur le premier policier de France pour glaner des voix à droite, en montrant une fermeté sans faille face à la délinquance qui prend des proportions inimaginables dans le pays, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation.
Selon des observateurs très au fait de la politique interne française, il est fort probable que Gérald Darmanin paye les frais de ses origines algériennes qu’il assume haut et fort. Son récent déplacement à Alger a fait des vagues pour avoir rendu hommage aux martyrs de la Guerre de libération et déclaré, dans les colonnes du Parisien : «C’est la première fois qu’un ministre de l’Intérieur est petit-fils d’Algérien, ce n’est quand même pas rien». Ce mot – martyrs – n’a pas plus à certains cercles de droite et de l’extrême-droite qui ont sauté sur l’occasion pour dézinguer le petit-fils du tirailleur algérien qui a su vite tourner la page de son prédécesseur Christophe Castaner à qui il était reproché son manque d’airain face aux nombreuses manifestations qui finissaient pas des émeutes chaque samedi.
Gérald Darmanin avait été appelé en catastrophe pour remonter la cote d’un président Macron au mandat chancelant. Sa désignation à la place Beauvau a coïncidé avec une recrudescence des actes terroristes et des violences dans les banlieues devenues de véritables zones de non-droit, interdites jusqu’aux agents de l’ordre. Mais Gérald Darmanin a su faire montre d’un stoïcisme à toute épreuve, selon des responsables du culte musulman qui ont eu à discuter avec lui de la question des séparatismes dont Emmanuel Macron a fait son cheval de bataille avant la présidentielle qui approche à grands pas.
Le président de l’Observatoire français de lutte contre l’islamophobie décrit un ministre de l’Intérieur «sincère», «à l’écoute» et «ouvert au dialogue». Abdallah Zekri, qui avait salué le déplacement de Gérald Darmanin en Algérie et son recueillement sur la tombe de ses aïeux à Mostaganem, a rappelé son discours prononcé en juillet dernier à Verdun, à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux «combattants musulmans», dans lequel «il n’a pas parlé d’islam et d’islamisme, mais de la contribution des musulmans morts pour la France». Le délégué général du Conseil français du culte musulman avait également mis en avant la réaction prompte du ministre français de l’Intérieur à chaque fois qu’un lieu de culte musulman est profané ou attaqué, dénonçant constamment et fermement l’islamophobie et les actes antimusulmans.
L’«Algérien» Gérald Darmanin semble donc payer pour ses positions tranchées qui dérangent au sein de l’opposition qui réclame sa tête, mais aussi, sans doute, dans son propre camp, des prétendants à qui il semble faire de l’ombre.
A. S.
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