Les Israéliens raillent les Emirats : «Une normalisation sans l’Algérie est vaine»
Par Abdelkader S. – Pour un grand nombre d’intellectuels israéliens, la normalisation des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan et sans aucun doute, plus tard, du Maroc, de l’Arabie Saoudite, d’Oman et des autres Etats du Conseil de coopération du Golfe, outre la Jordanie et l’Egypte qui entretiennent déjà des relations diplomatiques avec Israël, est sans aucune importance. Pour eux, la véritable normalisation, pour qu’elle soit réellement significative, ne pourra se faire qu’avec des pays comme l’Algérie.
«Pour nous, en Israël, la normalisation ne signifie rien tant que les normalisateurs sont le rebut des Arabes, descendants des voleurs de chameaux», commente une internaute israélienne, avant d’ajouter : «La normalisation n’aura de goût que lorsque des Etats au passé lointain comme le Yémen, la Syrie, ou encore l’Irak et l’Algérie, le pays du million et demi de martyrs normaliseront avec nous.» Puis, elle conclut ainsi : «Quant aux kiosques du Golfe, il ne s’agit que d’une villégiature diplomatique.»
Dans une interview au quotidien Le Matin, réalisée par l’envoyé spécial du journal à Madrid, en octobre 1991, où se tenait la conférence pour la paix au Proche-Orient, le directeur général du ministère des Affaires étrangères, Joseph Haddas, affirmait qu’Israël considérait les Algériens comme étant «les plus durs dans le monde arabe». Le haut fonctionnaire qui représentait le chef de la diplomatie israélienne à l’époque, David Lévy, ajoutait que pour Israël, tant que l’Algérie campait sur ses positions fondées sur le rejet de tout rapprochement avec l’Etat hébreu, toute paix serait tronquée et inachevée.
L’Algérie n’a pas changé sa politique vis-à-vis de la question palestinienne d’un iota depuis lors. Nageant à contre-courant de la vague de normalisation avec l’entité sioniste conduite par les Emirats arabes unis sous l’impulsion de Washington, l’Algérie a réaffirmé son attachement à la cause palestinienne et dénoncé, par la voix du président Abdelmadjid Tebboune, l’engouement des pays arabes qui se jettent l’un après l’autre dans les bras d’Israël, tournant ainsi le dos au peuple palestinien opprimé et spolié de ses terres.
Fer de lance du plan de reconfiguration du Maghreb et du Moyen-Orient en y incluant Israël et en déstabilisant tous les pays qui n’adhèrent pas au plan mis en branle par Jared Kushner sous la férule de l’administration américaine, les Emirats arabes unis jouent un rôle central dans les crises et les conflits qui secouent les pays inclus dans sa liste qui comprend les pays arabes et musulmans réfractaires à toute entente avec le régime de Tel-Aviv. C’est, justement, dans cet esprit que les Al-Nahyane viennent d’interdire l’entrée aux Emirats aux ressortissants algériens, syriens, irakiens et yéménites, entre autres. Une source gouvernementale ayant expliqué cette interdiction par des raisons de «sécurité nationale».
La réponse à la course des monarchies arabes à la pactisation avec le nouvel allié contre le désormais ennemi commun iranien est venue des Israéliens eux-mêmes, conscients que les pétrodollars ne suffiront pas à asseoir une paix pérenne dans la région et que les Emirats arabes unis ont un but précis derrière cette manœuvre : celui de prendre le leadership du monde arabe en lieu et place des pays de l’ancien Front du refus qui sont tous soit détruits – l’Irak, la Syrie, la Libye et le Yémen –, soit en proie à de graves convulsions politiques – l’Algérie et la Tunisie.
A. S.
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