Flou intégral
Par Mrizek Sahraoui – L’humanité, qui n’en finit pas de faire face à l’imprévisible, entre dans une nouvelle période très incertaine après de longs mois d’une crise sanitaire liée au Covid-19 qui a bouleversé le monde, avec le risque accru que lui succède désormais un scandale sanitaire planétaire. Cela dépendra bien évidemment de la réussite (tant espérée) ou non du vaccin que plusieurs laboratoires pharmaceutiques affirment avoir mis au point, dont l’efficacité contre le coronavirus varie de 90 à 95%.
Si l’arrivée prochaine des vaccins (on parle d’une dizaine) contre le Covid-19 a apporté de l’optimisme, suscité un énorme élan d’espoir, nul doute que le flou intégral demeure quant à leur efficacité et aux possibles effets secondaires. Les études menées à ce jour sont parcellaires, des prolégomènes n’offrant pas une lecture exhaustive comme l’exigent les protocoles scientifiques traditionnels.
Les derniers sondages ont, cependant, relevé une défiance très marquée à l’égard de ce vaccin. D’autant plus que de nombreux médecins, spécialistes, chercheurs, voire des personnalités politiques, ont adopté une approche prudente alors que le top départ des campagnes vaccinales est quasi donné dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, qui a autorisé, mercredi dernier, le vaccin de Pfizer/BioNTech, ouvrant le bal et, dès la semaine prochaine, devraient intervenir les premières vaccinations. Ainsi que la Russie, dont le président Vladimir Poutine a demandé le déploiement «à grande échelle» de Spoutnik-V, le nom du vaccin russe.
«Les vaccins ne signifient pas zéro Covid», a indiqué, ce vendredi, Mike Ryan, chargé des situations d’urgence à l’OMS, qui a expliqué qu’à eux seuls les vaccins ne «pourront pas faire le boulot». De tels propos sont loin d’apporter l’assurance d’une adhésion massive à la vaccination. De plus, perçu comme une course à l’échalote et à Eurêka, le temps record de mise au point des vaccins qui, pour certains, vont donc être déployés dès la semaine prochaine, a créé la suspicion et fait naître un sentiment de méfiance largement partagé partout dans le monde.
A cela s’ajoutent toutes les théories plus ou moins farfelues qui fleurissent sur les réseaux sociaux, selon lesquelles il y aurait des complots ourdis pour mettre les peuples en coupes réglées. Comme pour compléter ce tableau sombre, Interpol vient de lancer une alerte sur une «potentielle activité criminelle liée à la contrefaçon, au vol et à la promotion illégale de vaccins contre le Covid-19 et la grippe».
Tout laisse à penser que le virus né à Wuhan en 2019, faisant en une année près de 65 millions de cas de contamination et 1,5 million de victimes dans le monde, même éradiqué, le Covid-19 fera encore peur à l’humanité.
M. S.
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