Le grossier mensonge de l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles sur Bouteflika
Par Nabil D. – «En 2003, le président Bouteflika avait proposé le partage du Sahara Occidental entre les deux parties mais le Maroc avait refusé», a affirmé l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles, qui veut, par ailleurs, que l’Algérie «s’engage dans la dynamique de négociations» dans le dossier sahraoui. «Le Maroc considère que tant que l’Algérie ne s’engage pas dans une réelle dynamique de négociations, nous ferons du sur-place», a, en effet, déclaré Mohammed Ameur dans un entretien au quotidien belge La Libre Belgique. «Ce problème est un différend régional entre le Maroc et l’Algérie», a-t-il insisté.
«L’Algérie dit soutenir l’autodétermination du peuple sahraoui mais ce n’est qu’un discours qui masque la réalité. Le Polisario n’est qu’un instrument au service des intérêts de l’Algérie», a encore argué le diplomate marocain, en estimant que «l’Algérie jouit d’une réputation de pays révolutionnaire et le Polisario est perçu comme un mouvement de libération nationale face à un régime monarchique et réactionnaire pro-occidental».
«Le conflit est arrimé à cette équation dogmatique relevant de positions idéologiques d’une autre époque», a-t-il dit, reprenant ainsi l’argumentaire suranné du Makhzen qui veut que le contexte mondial nouveau efface le droit à l’indépendance d’un peuple en lutte. L’ambassadeur ne pouvait s’empêcher de vanter le régime monarchique de Rabat à propos duquel «l’histoire a montré» que c’est le seul qui soit «stable», «progressiste» et qui «a su évoluer». Et de surenchérir non sans sarcasme : «On peut voir dans quelle situation se trouve l’Algérie.»
Le représentant de Mohammed VI dans la capitale belge parle de «solution politique réaliste, pragmatique et basée sur un compromis équitable, donc sans qu’il n’y ait de vainqueur ou de vaincu» pour résoudre un conflit qui dure depuis 1975, date de l’occupation des territoires sahraouis par le Maroc. Il va jusqu’à appeler à «un compromis et des concessions de la part de toutes les parties». L’ambassadeur de «sa majesté» n’en dit pas plus sur les concessions que le Maroc serait prêt à faire pour aboutir à la solution idéale qu’il préconise, sinon le projet d’autonomie qui est, entonne-t-il, «une preuve de notre bonne volonté de trouver une solution à ce conflit qui n’a que trop duré».
Affirmant s’inquiéter quant aux retombées du conflit sahraoui sur l’Algérie, l’ambassadeur du Maroc conseille implicitement au voisin de l’Est de changer de fusil d’épaule car il «campe sur ses positions» bien que «ce conflit porte atteinte aux Algériens eux-mêmes», d’autant qu’il «bloque l’Union du Maghreb», alors que le Maroc «est le seul pays de la rive sud de la Méditerranée qui dispose d’un statut de partenariat avancé avec l’Union européenne».
Mohammed Ameur conseille donc à l’Algérie de s’y arrimer pour glaner quelque dividende en sacrifiant la cause sahraouie. Ce que l’Algérie ne fera évidemment pas.
N. D.
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