Un expert alerte : «Il y a une grave erreur dans le projet de loi de finances 2021 !»
Par Abderrahmane Mebtoul(*) – Une grave erreur de politique et économique, avec une communication déficiente, a été commise qui aura de incidences politiques, sociales, économiques et sécuritaires dans le projet de loi de finances 2021 (PLF 2021) avec un impact négatif sur les perspectives de l’économie algérienne, freinant l’investissement productif national et international. Officiellement, le PLF 2021 fait les projections de 142 dinars pour un dollar en 2021, 149,71 en 2022 et 156 en 2023 (environ 190 euros), contre 157 dinars le 6 décembre 2020 et 200 sur le marché parallèle, donnant en tendance 250 euros sur le marché parallèle, sous réserve de la maîtrise de l’inflation.
Le PLF 2021 est en contradiction avec les propos officiels de dynamisation de l’appareil productif qui, selon toutes les lois économiques, devrait entraîner une appréciation du dinar et, paradoxalement, un dérapage à la fois par rapport au dollar et à l’euro, alors que leurs cotations est inversement proportionnelle. Aucun gouvernement de par le monde n’annonce à l’avance la dépréciation de sa monnaie, ces annonces ayant accru, selon nos informations, la méfiance et le désarroi tant au niveau international qu’au niveau national, surtout des ménages qui verront leurs épargnes diminuées par plus de 30% en deux ans.
Comment un opérateur, quelle que soit sa tendance idéologique, peut-il, avec cette instabilité monétaire, investir à long terme, sachant que la valeur du dinar va chuter d’au moins 30% sinon plus dans deux à trois années ? Surtout en cette période marquée par les impacts de l’épidémie du coronavirus, préludant d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques mondiales et régionales ?
Sur le plan géostratégique, influant sur l’économique, nous assistons à des tensions dans la région, avec d’importants trafics qui alimentent le terrorisme, ce qui risque de déstabiliser toute la région. Aussi, en ces moments de grands bouleversements et mutations économiques et géostratégiques, le grand défi en ce XXIe siècle est la bonne gouvernance et la valorisation du savoir afin de permettre le développement.
L’Algérie est une des pièces maîtresses de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, selon les déclarations de responsables américains et européens, à travers la puissance de son armée et de ses différents services de sécurité, et ses actions diplomatiques. D’où l’importance d’une coordination internationale pour lutter contre le terrorisme et mutualiser les dépenses pour favoriser le co-développement, un lien entre sécurité et développement étant établi.
Le développement et la stabilité de l’Algérie ainsi que la reconquête de la cohésion nationale passe par la construction d’un front intérieur solide en faveur des réformes. Il s’agit, là, de l’unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends et trouver les raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire communément le destin exceptionnel que nos glorieux Aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour l’Algérie indépendante.
A. M.
(*) Professeur des universités, expert international
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