Les non-dits du Quai d’Orsay sur l’affaire du refus des visas aux Algériens
Par Nabil D. – Le Quai d’Orsay n’a pas souhaité répondre à la question d’un journaliste au sujet de l’information rapportée par Maghreb Intelligence, selon laquelle «la France aurait refusé l’octroi de visas à des Algériens, dont un fils du Premier ministre Abdelaziz Djerad, en réaction au silence radio d’Alger à la demande française de retour dans leur pays de ressortissants algériens soupçonnés de radicalisation». Une perspective que le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a lui-même évoquée dans un média français. Confirmez-vous ces informations ?
«Nous ne commentons jamais les situations administratives individuelles», s’est contenté de répondre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, laissant ainsi planer le flou sur cette question, mais renforçant surtout la thèse selon laquelle l’information donnée par Maghreb Intelligence ne serait pas tout à fait fausse. En effet, on serait enclin de croire que la réplique du responsable français serait plutôt affirmative, en ce qu’il refuse de «commenter» et ne réfute pas les allégations du média en question.
Les relations entre l’Algérie et la France sont changeantes et les brouilles entre les deux pays succèdent aux semblants de dégel qui finissent vite par se fracasser contre de nouvelles querelles liées soit à des déclarations d’officiels français considérées comme autant d’ingérences dans les affaires internes de l’ancienne colonie française, soit à des articles, des émissions et autres documentaires de médias français perçus par les officiels en Algérie comme des actions subversives visant à porter atteinte à la stabilité du pays, fragilisé par une crise politique profonde.
La dernière résolution du Parlement européen a exacerbé la colère du pouvoir et d’une certaine classe politique en Algérie qui accusent la France d’en être l’instigatrice principale. Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement en Algérie multiplie les contre-attaques, écorchant de façon directe Paris qui, affirme-t-il, mène une vaste campagne contre l’Algérie, accusée d’attenter aux droits de l’Homme. Ammar Belhimer peine à trouver les arguments valables pour contrecarrer les remontrances occidentales, au moment où la liberté de la presse connaît un de ses pires épisodes depuis l’ouverture du champ médiatique au lendemain des événements d’Octobre 1988 et où des journalistes sont jetés en prison, bien que protégés par la Constitution et les lois de la République.
Les autorités françaises semblent s’adonner à un double-jeu. D’un côté, le président Emmanuel Macron assure son homologue algérien de son soutien plein et entier dans une sortie qui a provoqué un tollé général, aussi bien en Algérie qu’en France ; de l’autre, il prend des décisions en catimini contraires à ses assurances, dont, précisément, celle de suspendre la délivrance des visas aux Algériens, emboîtant ainsi le pas à l’allié émirati qui a exclu les ressortissants de l’Algérie et de douze autres pays du droit d’entrée aux Emirats arabes unis, sous prétexte qu’ils représentent une menace pour la sécurité nationale du pays.
Le front anti-algérien se précise de jour en jour et les hauts responsables civils et militaires algériens ont compris qu’un complot à grande échelle se trame contre le pays, réfractaire à toute normalisation avec l’entité sioniste et fidèle à ses positions en faveur des causes palestinienne et sahraouie dans un contexte marqué par de gigantesques chambardements géostratégiques dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient, dans le continent africain et dans le Bassin méditerranéen. Soit tout autour du pays qui s’en trouve ainsi encerclé.
N. D.
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