Un film marocain réalisé aux Etats-Unis ternit l’image de l’Algérie dans le monde
Par Kamel M. – L’objectif de Redemption Day est clair. Réalisé et produit par le cinéaste marocain installé aux Etats-Unis Hicham Hajji, ce long-métrage veut montrer de l’Algérie un pays où il n’est question que de violence et de terrorisme. Le film raconte l’histoire d’une archéologue américaine qui se rend au Maroc après y avoir découvert les plus vieux ossements humains, datant de 300 000 ans. Arrivée à la frontière algérienne, elle se fait kidnapper par un groupe terroriste. Son mari, un Marine, va tout faire pour la sauver avec l’aide d’un agent marocain spécialisé dans la lutte antiterroriste, et celle de l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc.
Cette superproduction marocaine, qui est destinée à un marché international et sera diffusée dans 120 pays, selon le producteur, aura un impact négatif sur l’Algérie, en ce sens que le film parle, en filigrane, d’un «terrorisme d’Etat pratiqué par l’Algérie». Selon Hicham Hajji, l’idée de réaliser ce film lui a été inspirée par un «ami de lycée» qui a «perdu sa sœur dans un attentat terroriste», sans expliquer dans quel attentat cette victime est décédée. S’agit-il de celui de Marrakech ou d’un autre commis ailleurs qu’au Maroc ? «Je voulais vraiment faire un film où l’on raconte ce genre d’histoire avec un point de vue de local, contrairement à ce qu’on a l’habitude de voir dans les films américains où tout est soit noir soit blanc», a-t-il expliqué dans un entretien à un média français, en marge du Festival de Cannes.
L’équipe qui a réalisé le film «est à 90% marocaine», a encore précisé le producteur marocain. Il est, dès lors, difficile de ne pas y voir la main du Makhzen qui a dû mettre son grain de sel dans cette production dont l’auteur affirme qu’il l’a financée tout seul à force de gros sacrifices. Le Maroc présente un sérieux avantage sur l’Algérie en matière de lobbying et de communication. Tous les moyens sont mis en branle par le régime monarchique de Rabat et ses services secrets pour infiltrer les institutions officielles, que ce soit aux Etats-Unis, en Israël ou en Europe où le Maroc compte un grand nombre de ministres et de députés et une diaspora choyée dans son pays d’origine pour les revenus en devises qu’elle lui procure. Comme il dépense des sommes astronomiques au profit d’instituts de recherches aux fins de produire des études qui présentent le Maroc comme un pays prospère et stable avec lequel les puissances occidentales doivent composer.
Le cinéma sert désormais également de support pour se positionner dans le 7e art au niveau international et s’en servir comme un nouveau moyen de propagande à la fois pour renforcer la réputation bâtie par le Makhzen à travers les nombreux festivals de musique et taper sur l’ennemi juré, l’Algérie, qui, «malheureusement, relèvent des sources dépitées par cet état de fait, relègue au second plan la production cinématographique après avoir marqué le monde entier avec ses chefs-d’œuvre dans les années 1970».
K. M.
Comment (84)