L’ambassadeur de la RASD à Alger : «Trump n’a aucun droit de prendre une décision de cette importance»
Par Houari A. – Dans une déclaration qui nous est parvenue aujourd’hui, l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Abdelkader Taleb Omar, a apporté le point de vue de son gouvernement sur les derniers développements de la situation et, plus précisément, sur l’annonce du président américain, Donald Trump, à propos de la prétendue marocanité du Sahara Occidental.
Pour lui, «cette annonce intervient alors que le président américain sortant a perdu l’élection présidentielle dans son pays. D’ordinaire, un Président sortant, en attendant que son successeur prenne le relais, doit se contenter d’évacuer les affaires courantes, en attendant l’installation de son successeur. Il n’a donc aucun droit de prendre des décisions de cette importance. Or, il semble qu’il ait décidé d’agir autrement. Jusqu’à l’heure où on parle, il refuse encore le verdict des urnes. Plus grave. Il se place en faux de la légalité internationale, selon laquelle le Sahara Occidental appartient au peuple sahraoui. Il est le seul habilité à décider de son destin à travers la tenue d’un référendum d’autodétermination. D’autre part, la RASD est membre à part entière de l’UA, au même titre que le Maroc. Ni Trump ni personne ne peut influer sur cette situation légalement admise par l’ensemble des institutions internationales».
Et d’ajouter que «la sortie de Trump est donc un vulgaire effet d’annonce, sans la moindre conséquence sur l’évolution de la cause sahraouie. C’est une décision individuelle et dénoncée, rejetée partout dans le monde, à commencer par les Nations unies et l’Union européenne», en faisant remarquer que «cet homme est connu pour ses décisions graves et irréfléchies. Cela a été le cas pour le nucléaire iranien, l’environnement… Nous sommes convaincus que Biden va y mettre bon ordre. C’est un nuage d’été, en attendant le rapide départ de Trump. Les Etats-Unis, qui ont toujours géré avec objectivité le dossier du Sahara Occidental, ne peuvent se permettre de se mettre hors jeu en devenant juge et partie dans cette affaire. Il n’est pas possible qu’une puissance planétaire comme Washington s’aligne sur les Comores. Cela vire au vaudeville. La gravité de la décision de Trump réside dans le fait qu’il ait transformé la diplomatie en affaires commerciales. Il peut donc faire la même chose à n’importe quel autre pays, la France, la Russie… C’est absolument inacceptable. Et cela porte surtout atteinte à la crédibilité de Washington. Certes, cela peut encourager le Maroc, mais ce sera juste temporaire».
Le responsable sahraoui explique, par ailleurs, que «le Maroc a toujours manœuvré pour maintenir cette question au sein des Nations unies, où le poids de la France au sein du Conseil de sécurité a permis la perpétuation de ce statu quo depuis une trentaine d’années. Ce retour, dont le Maroc ne voulait absolument pas, est devenu indispensable, puisque, pour l’UA, il est question désormais de faire taire les armes. Le Maroc est désormais passible d’expulsion et de sévères sanctions, selon les statuts de l’UA. Son adhésion à cette instance internationale est basée sur la tromperie et les mensonges. C’est pour cela aussi qu’il louvoie pour refuser la tenue d’un référendum qui, pour lui, est devenu synonyme d’indépendance».
Le même responsable, ajoutant à propos de la politique du fait accompli, qu’«un parallèle peut être établi entre ce qui se passe en Palestine et chez nous. Tous ces consulats sont vides désormais. Ce sont des nids d’oiseaux, seul comptait l’effet d’annonce. Il n’y a là aucun impact diplomatique ou géostratégique. Les relations entre l’entité sioniste et le Maroc sont connues, étroites, et remontent à des temps immémoriaux. Le Maroc a reçu des armes, des moyens de surveillance et d’écoute sophistiqués de la part de l’entité sioniste. Même le mur de sable qui coupe notre pays en deux a été érigé avec l’assistance des hommes du génie de l’armée sioniste. Il ne manque plus que cette dernière intervienne directement sur le terrain».
H. A.
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