Tebboune ira à Moscou dès son retour à Alger : six dossiers à l’ordre du jour
Par Nabil D. – L’ambassadeur de Russie à Alger a affirmé, dans un entretien à la chaîne El-Bilad TV, que son pays s’apprêtait à accueillir le président Abdelmadjid Tebboune dans le cadre d’une visite officielle. Igor Beliaev a expliqué que celle-ci était prévue de longue date mais qu’elle avait dû être reportée à cause de la maladie du chef de l’Etat algérien dont la première destination, dès son retour, sera Moscou où de nombreux dossiers d’une brûlante actualité devront être discutés avec son homologue Vladimir Poutine.
La visite programmée – mais reportée donc – d’Abdelmadjid Tebboune en Russie a été précédée par celle du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui a certainement abordé avec Sergueï Lavrov les récents développements au Maghreb, notamment la normalisation avec l’entité sioniste menée au pas de charge par l’administration Trump et les dangereuses gesticulations marocaines à nos frontières marquées par la violation du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991. Moscou a dénoncé l’annexion de fait du Sahara Occidental par le président américain vaincu, estimant que la reconnaissance de la paternité marocaine sur le territoire sahraoui occupé était une violation flagrante du droit international.
Ces deux dossiers – normalisation et reprise des hostilités entre le Polisario et le Maroc – viendront s’ajouter à quatre autres questions essentielles.
En Libye, les négociations font du surplace, alors que les belligérants sur le terrain menacent, chacun de son côté, de recourir à nouveau aux armes. Le brasier libyen, loin d’être éteint, est en passe de provoquer un conflit généralisé qui risque d’engager plusieurs armées étrangères au plus près de nos frontières. L’Algérie, qui se tient à équidistance des frères-ennemis libyens, ne veut pas se laisser déborder par une guerre qui implique des Etats attirés par les gigantesques richesses gazières de la Libye, au point de faire peser sur toute la région une menace de «syrianisation» avec son lot de réfugiés, de destructions, de morts et d’ingérences étrangères multiples.
Au Sahel, la France conduit une coalition de pays africains en appui à son opération Barkhane, dont même les plus hauts responsables français admettent que son succès est mitigé. La ministre française des Armées a affirmé que l’Algérie était appelée à jouer un rôle «plus important» dans cette zone infestée par les groupes islamistes armés, acculés par les forces de sécurité en Algérie à replier vers le vaste Nord-Mali et les déserts du Sud-Ouest libyen et du Nord-Ouest nigérien où des actions terroristes sont enregistrées de façon sporadique. Paris a réussi à convaincre onze pays de l’Union européenne à envoyer des soldats dans la région pour participer à une opération Barkhane bis élargie. Une présence qui ne peut laisser indifférents deux acteurs majeurs : l’Algérie en tant que pays frontalier et fer de lance de la lutte antiterroriste dans la région, et la Russie, puissance miliaire mondiale qui compte des intérêts stratégiques sur le continent africain et en Afrique du Nord.
La situation en Algérie ne sera pas en reste. La crise politique qui perdure depuis le déclenchement du mouvement de contestation populaire, en février 2019, a donné lieu à des craintes relatives à des tentatives de déstabilisation menées par des instances imprécises. Une Algérie fragilisée pourrait aiguiser les appétits des puissances étrangères qui ont mis un pied en Libye et, depuis peu, au Maroc et ne désespèrent pas de pouvoir poser le second en Algérie, à la faveur des difficultés que le pays traverse actuellement, aggravées par la maladie du président Tebboune.
Enfin, l’armée algérienne, poursuivant son programme de modernisation et contrainte de s’équiper pour faire face à des menaces de plus en plus tangibles sur la sécurité et la stabilité du pays, des discussions autour de l’acquisition de nouveaux systèmes de défense seront à l’ordre du jour, notamment le renforcement de la flotte aérienne par le dernier-né de l’industrie aéronautique russe, le Soukhoï Su-57, un avion de combat furtif que Moscou n’hésitera pas à fournir en exclusivité à son allié historique, de sorte à lui permettre d’asseoir sa supériorité aérienne dans tout le Bassin méditerranéen.
Le renforcement de l’axe Alger-Moscou est de nature à tempérer les ardeurs dévorantes des régimes de Rabat, d’Abu Dhabi et de Tel-Aviv, dont le pacte diabolique a pour but principal l’encerclement de l’Algérie qu’aucune crise, ni aucune tentative de déstabilisation n’a réussi à faire dévier des principes fondamentaux qui guident sa politique étrangère, malgré les bouleversements imposés par Washington.
N. D.
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