Un conseiller d’Obama invite l’Algérie à troquer ses principes contre des dollars
Par Abdelkader S. – Un proche de Barack Obama a suggéré à l’Algérie de privilégier ses intérêts propres au détriment du soutien à la cause sahraouie, laissant même entendre qu’elle devrait, elle aussi, normaliser ses relations avec l’entité sioniste. S’exprimant en arabe sur la chaîne israélienne i24, David Pollock a déclaré qu’il «comprend les inquiétudes algériennes» mais qu’il «n’est pas d’accord». «Je pense que la réalité, actuellement sur le terrain, est que le Maroc est beaucoup plus puissant que le Polisario, que les Sahraouis, que ce groupe d’extrémistes locaux. Aussi je ne prévois pas le déclenchement d’une guerre ou d’affrontements sérieux et à grande échelle entre les forces marocaines et sahraouies», a-t-il affirmé.
L’ancien conseiller diplomatique pour le Grand Moyen-Orient au département d’Etat américain a ajouté que «concernant l’Algérie, celle-ci est concentrée sur ses problèmes politiques économiques, sociaux et sécuritaires internes et non pas sur les guerres hors de ses frontières ou l’aide au Polisario de façon efficace». «Je ne pense pas qu’il y aura des conséquences d’ordre sécuritaire dans la région après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara», a-t-il dit.
Selon lui, «en réalité, Washington n’a fait que reconnaître un statu quo vieux de quarante-cinq ans», attendu que, a-t-il argué, le Maroc «étend son hégémonie sur la majeure partie du territoire et sur les plus grandes villes du Sahara Occidental jusqu’aux frontières avec l’Algérie et la Mauritanie, alors que celles dominées par les Sahraouis ne sont qu’une marge sur la carte géographique et dans l’équation politique, sécuritaire et diplomatique de la région».
David Pollock pense qu’«il faut s’attendre à des réactions négatives de la part du gouvernement algérien à l’égard de Washington», estimant que «celle-ci est naturelle et compréhensible». «Cela fera partie des retombées négatives de la nouvelle décision américaine, mais je pense que l’administration [Trump] a pris cette donne en considération», a-t-il précisé.
«J’espère que l’Algérie puisse, à court terme, considérer que si sa colère peut paraître légitime, il n’en demeure pas moins qu’il est grand temps d’adopter une position plus réaliste vis-à-vis de ce conflit régional et cette question sahraouie», a laissé entendre l’associé au Washington Institute, en invitant Alger à s’inspirer du pragmatisme américain : «Il faut que l’Algérie s’appuie sur ses propres intérêts internes fondamentaux au lieu de défendre ceux d’entités hors de ses frontières.»
«Les relations entre les Etats-Unis et l’Algérie sont appelées à s’améliorer en dépit de ce problème, grâce – par exemple – à une médiation de pays tiers dans la région, des pays à la fois amis des Etats-Unis et de l’Algérie ou, encore, en mettant en place un nouvel accord d’aide ou de coopération économique algéro-américain», a-t-il explicité. Et de conclure : «Je crois, en toute franchise, que le peuple algérien préfère le développement économique, la stabilité et de bonnes relations avec les Etats-Unis que la poursuite de ce conflit perdu d’avance.»
A. S.
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