Normalisation avec Israël : quand le Makhzen implique le Prophète Mohamed
Par Karim B. – Si l’Américain Trump et l’Israélien Netanyahou ont corrélé la normalisation avec la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, le Makhzen, lui, a joué sur la fibre religieuse pour se prémunir contre une réaction violente d’une majorité de Marocains qui font corps avec la cause palestinienne et l’ont prouvé lors des nombreuses manifestations gigantesques pour dénoncer le massacre des populations à Gaza par l’armée d’occupation israélienne.
Les conseillers de Mohammed VI ont cru trouver la parade : parler de solh (traité) et non pas de normalisation, en donnant à ce terme une connotation religieuse de sorte à appuyer la décision imposée au roi par Washington de pactiser avec l’entité sioniste par un référent historique lié au Messager de Dieu : assahîfa. Ce mot désigne le Traité de Médine, considéré comme la première charte écrite par le Prophète Mohamed (QSSSL), entre les muhâjiroûn et les ançâr et qui inclut une réconciliation avec les juifs. La démarche du Makhzen est ainsi détournée de sa vocation éminemment politique dans le vain espoir de tromper les Marocains, mais aussi les Palestiniens auxquels il est répété à Rabat qu’ils demeurent «au centre des préoccupations» de Mohammed VI.
Pourtant, ce n’est clairement pas avec la communauté juive que le Maroc vient de se réconcilier, mais avec le régime de Tel-Aviv dont l’existence est dénoncée par les juifs eux-mêmes. En effet, dans une interview accordée à Algeriepatriotique en 2015, le rabbin Ahron Cohen affirmait, sans ambages, qu’«il faut aboutir à la dissolution de l’Etat d’Israël». Réagissant au massacre commis par l’armée israélienne contre la population de la Cisjordanie, le rabbin déclarait qu’il était «horrifié devant cette effusion de sang», estimant que «la seule vraie solution pour mettre un terme à cela serait un accord pour une dissolution pacifique et totale de l’Etat illégitime connu sous le nom d’Israël pour être remplacé par un régime acceptable pour les Palestiniens».
«A l’heure actuelle, cela est un rêve. Cependant, plus l’idée sera évoquée au sein de la communauté internationale, plus ceci sera considéré comme la seule voie à suivre», espérait le chef de Neturei Karta, un mouvement constitué par un groupe de juifs haredim radicalement antisionistes. «Du point de vue de la loi religieuse juive, un Etat contredit notre croyance qui dit que le peuple juif est condamné à l’exil et qu’il ne peut avoir un régime propre à lui. Le faire serait une rébellion contre la volonté du Tout-Puissant», avait-il insisté. «Le sionisme a été initialement totalement rejeté par la majorité du peuple juif, les laïcs et les chefs religieux. Malheureusement, le succès de la propagande spectaculaire des sionistes a réussi à changer cela», avait-il ajouté.
K. B.
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