Le pari Biden
Par Mrizek Sahraoui – Au moment où Donald Trump, dont l’incompétence est à l’origine du déclin de l’Amérique sur tous les plans – géopolitique, militaire, financier, économique et, surtout, social et environnemental, dont la criminelle impéritie a fait plus de 16 millions de cas de contaminations et de 306 617 décès au dernier bilan macabre, tandis qu’il fanfaronne donc que «le combat ne fait que commencer» ! un vain tweet, rédigé sans doute dans l’espoir de motiver encore ses troupes prises de pâmoisons de rage et aveuglées par quatre années de mensonge et de bluff, les 538 grands électeurs, eux, ont entériné, ce lundi, la victoire de Joe Biden, qui devra être investi 46e président des Etats-Unis, le 20 janvier prochain, après confirmation par le Congrès le 6 du même mois.
Si le Président sortant, débouté sur l’ensemble des procédures judiciaires qu’il a engagées, devrait s’attendre à avoir maille à partir avec la justice – un catalogue de scandales et autres affaires pendantes l’attendent à sa sortie, selon les médias américains qui lui sont hostiles –, le prochain locataire de la Maison-Blanche, lui, aura fort à faire pour (re)coller les morceaux, apaiser une Amérique profondément divisée par l’olibrius qui a passé son temps à tweeter, à jouer au golf et à semer la discorde et la haine entre les Américains.
Le Président élu, qui a appelé après que le collège électoral a formalisé sa victoire à «tourner la page de l’élection et à se rassembler», a du pain sur la planche. Les sujets ne manquent pas. S’il s’est engagé lors de la campagne électorale à rejoindre l’Accord de Paris sur le climat, a clairement indiqué que l’ambassade américaine dans l’Etat hébreu «n’aurait pas dû être déplacée», mais, s’il était élu, «il ne la ramènerait pas à Tel-Aviv», une position qui s’inscrit dans la droite ligne de la politique américaine vis-à-vis d’Israël, s’agissant de la décision de son prédécesseur de reconnaître «la souveraineté» du Maroc sur le Sahara Occidental, dans la réalité une colonisation pure et simple, mais surtout une décision prise en violation du droit international reconnu par l’ONU, Joe Biden ne s’est pas exprimé sur ce dossier brûlant.
Une majorité d’Américains ont fait le pari Biden. Logiquement un pari, si on en croit ses promesses de la campagne, de l’intelligence qui permettrait de satisfaire les attentes immenses. En interne, eu égard à l’héritage d’une politique chaotique, comme à l’international, où les dossiers sont laissés en jachère, résultat d’une politique étrangère imbitable, illisible, inefficace, voire nuisible à bien des égards.
L’Amérique et les Américains font face à un chômage en hausse en raison de la crise sanitaire, à un appauvrissement des couches moyennes, manifestent une inquiétude pour l’avenir, autrement dit un tableau sombre et une perspective brouillée. D’emblée, c’est un temps historique qui attend l’ancien vice-président de Barack Obama, dont le passage à la Maison-Blanche sera jugé, notamment, sur ses capacités à redonner espoir aux Américains mais, aussi, à redonner son plein sens au droit international – comme par exemple suspendre le deal ignominieux entre le royaume chérifien et l’Etat hébreu –, et à rétablir la confiance dans les relations internationales, particulièrement malmenées au cours du mandat qui s’achève. Vaste programme.
M. S.
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