L’Algérie ciblée par les milieux militaires français sur les réseaux sociaux
Par Sabri Oukaci – Le 14 décembre 2020, Facebook a révélé avoir démantelé un réseau de faux comptes associés à «des individus ayant des liens avec l’armée française» et se livrant à des activités de propagande sur le réseau social ainsi que sur Instagram.
Utilisant de fausses pages et de faux comptes, des individus, se trouvant en France «liés à l’armée française» et en Russie, ont entrepris des campagnes hostiles dans le but d’interférer sur des sujets politiques ou diplomatiques aux fins d’influencer les internautes de certains pays ciblés.
Toujours selon l’entreprise de Mark Zuckerberg, d’autres support, tels que des chaînes YouTube et des comptes Tweeter, semblant être également liés à cette opération, ciblaient plusieurs pays d’Afrique directement concernés par la présence militaire française, et en premier lieu la Centrafrique et le Mali, et dans «une moindre mesure» le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad et l’Algérie.
Selon le rapport publié par l’agence d’analyse des réseaux sociaux Graphika, en collaboration avec l’Observatoire Internet de Stanford, Facebook a annoncé avoir supprimé 84 profils, 6 pages et 9 groupes, dont certains étaient actifs depuis 2018, ainsi que 14 comptes Instagram agissant de France, mais se faisant passer pour des locaux dans les pays ciblés.
Par ailleurs, le rapport indique qu’il y aurait eu pas moins de 5 000 followers sur ces pages Facebook et à peu près 1 600 comptes d’abonnés à ces groupes, alors qu’environ 200 personnes suivaient un ou plusieurs de ces comptes Instagram.
«Facebook n’a pas directement attribué cette opération au gouvernement français et à l’armée française», souligne le rapport et, «de la même manière, ce rapport n’offre aucune preuve d’une participation institutionnelle» à ces manipulations politiques sur les réseaux sociaux.
Pourtant, cette opération consistait clairement à dénigrer les actions de la Russie en Afrique et promouvoir l’action de l’armée française dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes opérant dans la région du Sahel.
«Nous les avons vu essayer de promouvoir l’activité de l’armée française dans la région», a confirmé au Monde Nathaniel Gleicher, chargé de la politique de sécurité de Facebook.
Le rapport indique qu’à partir d’octobre 2019, les faux comptes gérés par des opérateurs français se sont mis à répondre activement à des faux comptes russes, eux-mêmes engagés dans une opération de propagande dans plusieurs pays d’Afrique !
S’il paraît peu probable d’établir l’origine exacte de ces messages, il faut noter que c’est la première fois que Facebook lie publiquement une campagne comme celle-ci à des individus liés à une armée occidentale.
Les autorités françaises n’ont jamais nié utiliser des campagnes de cyberinfluence sur les théâtres d’opérations de l’armée française, à destination des opinions publiques.
Facebook a déclaré que les comptes français présumés avaient «publiés principalement en français et en arabe sur l’actualité, y compris la politique de la France en Afrique francophone, la situation sécuritaire dans divers pays africains».
Comme on le voit, l’Algérien ne peut être plus vigilant dans ces moments troubles où les combats géopolitiques ne se passent plus uniquement sur le terrain, mais se déroulent en parallèle sur les réseaux sociaux tels Facebook, Tweeter ou YouTube, mais également en recourant à des articles de presse rédigés à destination de certains journalistes, à la solde de puissances étrangères hostiles qui pullulent sur la Toile.
S. O.
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