Quelle culture et quel patrimoine ?
Par Ziri Warsenis – La politique nationale de gestion de la culture n’a jamais été une priorité pour les fossoyeurs de l’identité et du patrimoine mémoriel national. La plupart des responsables de ce volet d’importance de la composante culturelle et identitaire du pays brillent par leur ignorance et leur inculture.
Le fait désastreux, également, de la politique implacable d’éradication durant des décennies de tout ce qui touche à la dimension historique et culturelle amazighes, par l’imposition au forceps, entre autres, d’une idéologie moyen-orientale importée, négatrice des fondements historiques de la nation, a mené à la catastrophe qui sévit dans ce domaine particulièrement et à la falsification de l’Histoire. L’aliénation fait corps avec le quotidien national.
Nos enfants ne connaissent pas l’Histoire de leur pays, ils vaquent dans un désert culturel en dehors du champ religieux institutionnalisé qui a généré la bigoterie nationale. D’autres sont pris aux couches, on les nourrit avec une idéologie mortifère en les gavant dès leur arrivée en crèche avec les préceptes obscurantistes que rapportent les médias sociaux, jumelés au battage des télés ou des hurluberlus et autres gourous (Belahmar, Bonatero, Chemsou, Hamadache, Belhadj, etc.). Le peuple est livré en fagot à la disposition d’incultes personnages qui élèvent au rang de sciences et de connaissances les plus vils élucubrations et fourberies superstitieuses et mythologiques.
La culture dites-vous ? Les Marocains ont profité du laxisme et de l’indifférence, pour ne pas dire inculture, de nos responsables successifs de ce domaine pour subtiliser et accaparer des pans entiers de notre patrimoine.
Dire que le couscous ou la musique rai sont marocains, il faut avoir un haut degré de culture du mensonge et l’effronterie pour asseoir et assumer une telle contre-vérité.
Dans notre Histoire, aujourd’hui, il est connu que, contrairement à ce qui a toujours été avancé, le blé existait en Afrique du Nord depuis la nuit des temps, particulièrement chez nous et ce ne sont pas les Phéniciens qui l’ont introduit. La preuve est que dans des fouilles archéologiques dans une des grottes de la région de Béjaïa on a retrouvé des grains de blé, dont la datation remonte à 5 000 ans, ceci donc bien avant l’arrivée des Phéniciens.
Par ailleurs, il est aussi connu que la culture céréalière était une des forces économiques des rois amazighs de la dynastie massyle (Massinissa, Maksan, Jugurtha, etc.) et que sa commercialisation dans le bassin méditerranéen est connue, plusieurs études ou thèses universitaires, disponibles sur le web, l’ont confirmée. Il est tout autant connu qu’au IVe siècle, Gildon (Agueldan) souverain de l’époque, suite à un différend avec les Romains, avait bloqué la flotte annonaire qui livrait le blé à Rome. Ce qui lui a valu les hostilités des Romains et une guerre s’ensuivit.
Les Marocains ne peuvent aucunement prétendre à la paternité du couscous, les faits historiques les confondent, pas plus que le raï, dont les premiers représentants de cette musique sont, entre autres, Cheikha Remitti et Bellemou qui ne sont pas marocains. Cette musique puise ses sources dans la tradition de Cheikh Hamada, Cheikh El-Djillali Aïn Tedlès, etc. qui ne sont pas marocains non plus.
Et le comble est de voir les Marocains présenter le buste du roi Juba II à l’exposition internationale Dubai 2020 comme souverain marocain ! Un descendant de la lignée de Massinissa marocain ! Pourquoi ? Le prétexte étant que Juba II avait une résidence secondaire à Volubilis (Oualili), hors de sa capitale Cherchell.
Z. W.
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