Sur la corde raide
Par Mrizek Sahraoui – A première vue, tout semble être pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, dirait le philosophe allemand Leibniz. C’est en apparence seulement, car la situation est véritablement hors de contrôle. L’arrivée du vaccin devait logiquement apporter le soulagement après une année de drames, de peur et de désemparement créés dans le monde entier, à la suite desquels la reprise d’un retour à une vie normale paraît relever de l’utopie et du vœu pieux. On assiste, impuissants, à une flambée du nombre d’infections partout. Ainsi, l’espoir d’un Nouvel An normal se dissipe au fil des jours laissant place à un brouillard à couper au couteau.
C’est une séquence à haut risque qui s’annonce. En France, le coronavirus a encore fait 610 victimes, portant le bilan à plus de 60 000 décès, et contaminés 15 674 personnes, ces dernières 24 heures, selon l’inamovible directeur général de la santé. Cette situation, observée au lendemain d’un reconfinement qui, ex post, s’est avérée être un échec, et à la veille des fêtes de fin d’année, un moment grandement propice à la circulation du virus, ne présage rien de bon. Une troisième vague meurtrière n’est pas à exclure, en dépit des mesures prophylactiques et autres nombreuses recommandations dictées par les autorités politiques et sanitaires.
Lors de son intervention télévisée du 24 novembre dernier, le Président français, qui vient d’être contaminé lui aussi, avait annoncé un assouplissement des dispositions liées au reconfinement. Le chef de l’Etat avait même décidé la fin totale de celui-ci si les conditions sanitaires, à la date du 15 décembre, le permettaient bien sûr. L’objectif de moins de 5 000 contaminations par jour devait être atteint pour espérer la levée des restrictions.
Il n’en sera rien. La courbe des cas de contamination au Covid-19 s’est maintenue à un niveau bien loin des espérances. Et tout laisse à penser que celle-ci devrait partir à la hausse à l’occasion des fêtes de fin d’une année blanche en matière de réforme de l’Etat, funeste au plan humain, interminable du point de vue des contraintes imposées tout au long par l’exigence de la lutte contre le virus. Ainsi, les spécialistes qui préfèrent ne pas mettre la poussière sous le tapis s’accordent sur le potentiel risque d’une pandémie qui perdurera. «Il y a vraiment une alerte forte sur les risques d’une troisième vague, qui n’est pas que virtuelle, qui n’est pas qu’une perspective lointaine, mais qui est bien dans l’arrière-plan de l’évolution des courbes», a expliqué le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, lors d’une conférence de presse.
Le gouvernement français, sur la corde raide, tente de maintenir l’équilibre entre la satisfaction des doléances des Français – seuls 34% d’entre eux estiment que leur gouvernement a été «à la hauteur de la situation» face à la crise liée au coronavirus – qui se disent accablés par tant de recommandations, contradictoires pour certaines, ubuesques pour d’autres, et excédés par une gestion, selon eux, aléatoire de la pandémie, et (sa) volonté de gagner la bataille contre le virus.
C’est loin d’être le cas, au regard de la situation de plus en plus «préoccupante» et du risque patent qui plane.
M. S.
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