Le Tunisien Riadh Sidaoui : «L’Algérie est le nouveau guide de la nation arabe»
Par Nabil D. – «Le rêve d’un Maghreb uni s’est évaporé, la Libye a été disloquée, la Mauritanie pourrait prendre le train de la normalisation avec Israël, ceux qui ont normalisé avec Israël n’ont rien gagné, à l’exemple de l’Egypte qui a plutôt tout perdu», a fait remarquer le politologue tunisien établi à Genève, en Suisse, Riadh Sidaoui.
«Il faut chercher une alternative à l’Union du Maghreb arabe (UMA), et cette alternative pourrait commencer par une alliance entre l’Algérie et la Tunisie au regard de leur convergence de vues sur les dossiers internationaux et plusieurs autres questions, notamment au niveau des présidences des deux pays dont il est escompté qu’elles conduisent cette Union, comme l’avaient fait l’Allemagne et la France, deux pays qui avaient constitué le noyau dur de l’Union européenne», a-t-il expliqué.
«La relation entre Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed est exceptionnelle», a affirmé l’académicien tunisien, en précisant que «ce qui lie les deux hommes, c’est le fait qu’ils représentent les dernières forteresses nationalistes inexpugnables qui refusent la normalisation avec Israël». «Kaïs Saïed a dit, textuellement, aussi bien lors de la campagne électorale pour la présidentielle ou en tant que Président élu, que la normalisation n’était pas une opinion mais une haute trahison et Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie ne pactiserait jamais avec l’entité sioniste. C’est donc le plus fort point commun entre eux, ce qui signifie que l’Algérie et la Tunisie ont les mêmes ennemis et les mêmes alliés», a encore déclaré Riadh Sidaoui.
«L’Algérie et la Tunisie pourraient être, elles aussi, le noyau dur d’une future union maghrébine», a souhaité le directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales (Caraps). «Un tel projet subira de violentes attaques, mais les peuples finiront par imposer leur volonté et rejoindre l’initiative algéro-tunisienne», a-t-il fait remarquer, en exhortant les dirigeants arabes à organiser un référendum pour obtenir l’avis des peuples arabes dans cette démarche réconciliatrice avec le régime raciste de Tel-Aviv.
«Il est grand temps de penser sérieusement, et sur un plan pratique, à la mise en place de ce noyau qui sera rejoint par les autres pays arabes qui rejettent la normalisation avec l’entité sioniste, à l’instar du Liban, de l’Irak, de la Syrie», a indiqué le spécialiste du monde arabe, qui a regretté que le nombre de pays qui s’opposent au rapprochement avec l’Etat hébreu se comptent sur les doigts d’une seule main. «Résister à la normalisation signifie une position hostile à l’Internationale sioniste et aux oligarchies qui dominent le monde et l’ouverture de plusieurs fronts à la fois, mais c’est cela la politique fondée sur les principes, et les principes finissent toujours par triompher», a-t-il dit.
Riadh Sidaoui a pris l’exemple de Larbi Ben M’hidi qui disait : «Jetez la révolution dans la rue et elle sera portée à bras-le-corps par le peuple !» Pour l’auteur de l’ouvrage De Tunis à Damas : des réalités cachées sur le Printemps arabe, ces mots du héros de la Révolution algérienne devront être appliqués à la Palestine.
N. D.
Comment (112)