Une eurodéputée appelle l’UE à une répartition plus équitable de ses aides
Par Wacim Kahoui – C’est à l’évocation de la célébration du 25e anniversaire du lancement du Processus de Barcelone que Salima Yenbou, eurodéputée siégeant pour le groupe des Verts, a tenu un discours très engagé lors de la session plénière du Parlement européen de cette fin d’année 2020, sur la Politique européenne de voisinage (PEV).
L’eurodéputée d’origine algérienne a appelé l’Europe à tirer un bilan général de la PEV en fustigeant le manque d’engagement au profit des pays du sud de la Méditerranée : «Si nous comparons avec le niveau d’ambition et l’intensité du dialogue de l’Union européenne avec son voisinage est, force est malheureusement de constater que notre politique envers nos voisins du Sud a un bilan bien médiocre.» Et d’ajouter : «L’Union européenne semble s’être contentée du service minimum pour l’espace Euromed, un peu d’aide, beaucoup de discours lénifiants et, surtout, un accommodement avec une dérive autoritaire généralisée et une absence diplomatique flagrante face à des Etats et des peuples sombrant dans l’abysse du conflit armé.»
La députée européenne fait certainement allusion au budget que l’Union européenne consent pour financer ses engagements dans le monde. C’est une modique somme de 23 milliards d’euros qui sera consacrée aux pays visés par la PEV pour les sept années couvertes par le budget global de l’UE de 1 074,3 milliards d’euros pour la période allant de 2021 à 2027. Selon nos informations, aucun calcul n’a encore été effectué par pays et les fonds n’ont pas encore été répartis entre les axes est et sud de la PEV, mais il est de notoriété publique que ce sont les pays de l’Est qui se tailleront la part du lion du maigre budget. Les pays du sud de la Méditerranée, quant à eux, se partageront les miettes, lesquelles seront distribuées de manière très inégale ; par exemple, l’Algérie est le pays qui en profite le moins.
Salima Yenbou, élue française lors des élections européennes de mai 2019, ne compte pas pour autant faire de la figuration à l’hémicycle européen, tout en étant consciente de la limite de sa liberté d’action. En tout cas, les récentes archives témoignent qu’elle a institué une tradition sans précédent : elle est la première et l’unique femme politique européenne qui termine toujours ses interventions officielles sur les questions algériennes par «tahya el-djazaïr !» (vive l’Algérie !), le pays de ses parents, une partie de sa famille ayant contribué au lourd tribut pour que, justement, vive l’Algérie, surtout en ces temps de pressions et de crises.
L’eurodéputée apostrophera le haut-représentant de la Politique étrangère et de Sécurité, Joseph Borell : «Monsieur le haut-représentant, osez rêver avec moi d’une politique Euromed à la hauteur des aspirations actuelles de nos voisins et des défis de demain ! Je rêve pour nos deux rives d’un grand Plan Borrell pour le Bassin Euromed, qui mettrait le social, la culture, l’environnement et les valeurs en son cœur ; qui viserait les jeunes et les peuples, plutôt que des élites usées et délégitimées ; qui ferait de notre Méditerranée commune une mer d’échange et d’espoir, plutôt qu’un cimetière pour des migrants et leurs rêves».
Et, comme pour rappeler à l’Europe et au reste du monde leurs responsabilités, Salima Yenbou conclura : «Enfin, mettons toute l’inventivité de nos diplomates pour porter une ambition et une contribution décisives de l’Union face aux conflits prolongés, que ce soit en Palestine comme au Sahara Occidental».
W. K.
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