Un responsable des services saoudiens chez Hafiz : que se trame-t-il à Paris ?
Par Mohamed K. – Que signifie l’audience qu’a accordée le recteur de la Grande Mosquée de Paris à un représentant de l’ambassade d’Arabie Saoudite en France au lendemain de la déclaration d’Antar Daoud qui a affirmé que ce lieu de culte avait toujours appartenu à l’Algérie et il continuerait à lui appartenir ? Le diplomate saoudien est un haut responsable sécuritaire et sa visite à la Mosquée que dirige Chems-Eddine Hafiz depuis le coup d’Etat scientifique de janvier 2020 «est problématique», estime-t-on dans le milieu du culte musulman en France.
«Son Excellence Monsieur Saad Al-Nofeai, représentant du royaume d’Arabie Saoudite à Paris, a été reçu par Monsieur le recteur Chems-Eddine Hafiz. Echange fraternel sur l’actualité et sur les relations entre la Grande Mosquée de Paris et l’Arabie Saoudite», a posté le recteur de la Grande Mosquée de Paris qui aurait susurré à l’oreille de ses proches collaborateurs, quelque temps auparavant, que les Saoudiens auraient voulu le corrompre par un voyage en jet privé et qu’il aurait refusé de négocier avec les wahhabites, allant même jusqu’à dire qu’ils ne mettront jamais les pieds dans la mosquée aux destinées de laquelle il préside de façon mouvementée depuis près d’un an.
Selon des sources concordantes, Chems-Eddine Hafiz aurait déclaré, après avoir eu écho des réticences des autorités algériennes à débloquer les subventions annuelles, environ sept millions d’euros versés par les ministères des Affaires religieuses et des Affaires étrangères, que la société des Habous étant de droit français, il irait chercher des ressources financières ailleurs. On ne sait pas si cette défiance est parvenue aux oreilles de notre ambassadeur à Paris, mais Antar Daoud, dont la désignation en France a été saluée pour son efficacité et sa maîtrise des dossiers, a clairement signifié à ses hôtes, par deux fois, lors de sa rencontre avec Chems-Eddine Hafiz, que l’Etat algérien suivait pas à pas les actions menées par le successeur de Dalil Boubakeur.
Nos sources croient savoir que Chems-Eddine Hafiz s’affaire à réduire à néant l’influence de l’Algérie sur la Grande Mosquée de Paris, bien qu’elle en soit le principal bailleur de fonds. Elles en veulent pour preuve le message de félicitations publié par son conseiller à la communication qui se réjouissait de ce que l’«élection» de Hafiz à la tête de ce lieu de culte inauguré en 1928 allait le «libérer de la mainmise algérienne». C’est à ce même conseiller que le recteur, malmené par plusieurs articles parus dans la presse française et écrits par des journalistes qu’il aurait conviés à un dîner pour – croyait-il ou lui a-t-on fait croire – gagner leur empathie et, ainsi, se prémunir de leurs critiques, a demandé de prendre attache avec leur rédaction pour les prier de «cessez le feu» contre son employeur.
De quoi le recteur de la Grande Mosquée de Paris et le responsable du renseignement saoudien en France ont-ils discuté ? A-t-il été question de placer le lieu de culte sous la férule des Saoudiens pour bénéficier des pétrodollars ? Pourquoi cette rencontre a-t-elle eu lieu au lendemain de la déclaration de notre ambassadeur qui a tenu à préciser que cet édifice cultuel «est d’abord algérien et ne sera jamais rien d’autre, et c’est cela le plus important» ? Chems-Eddine Hafiz s’expliquera-t-il, comme à son habitude, à travers des tribunes ou des interviews dont on dit qu’elles seraient payées ? Enfin, l’Etat algérien interviendra-t-il pour mettre fin à ces manœuvres qui le visent directement, en poussant le binôme Hafiz-Louanoughi vers la porte de sortie de la même façon qu’ils se sont installés par une élection contestée et un arrangement avec l’ancien recteur tramé dans l’arrière-cour de cette mosquée où la religion a laissé place à l’intrigue et aux affaires ?
M. K.
Comment (27)