Abdelmadjid Attar : «Les faiblesses de l’Algérie dans le domaine énergétique ont été mises à nu»
Par Mohamed K. – Le ministre de l’Energie a affirmé que l’Algérie «s’est contentée d’améliorer la couverture des besoins énergétiques intérieurs, mais sans un regard attentif sur un monde qui a accéléré sa mutation énergétique dès le début des années 2000». Abdelmadjid Attar a expliqué, dans un entretien à nos confrères d’El-Watan, que cette situation «a amené notre pays aujourd’hui à dépendre toujours de cette rente, à être énergivore, consommant plus que la moitié de sa production d’hydrocarbures, souvent sans aucune production de plus-value».
L’ancien président-directeur général de Sonatrach a ajouté que «l’absence de visibilité dans le secteur des hydrocarbures vient du fait aussi bien des modifications successives des lois pétrolières sans regard sur les mutations mondiales […] que des retards pris en matière de publications des textes d’application des lois, ainsi que l’amélioration du climat des affaires (bureaucratie) qui est un paramètre fondamental». «Mais il ne faut pas non plus oublier que la crise économique et pétrolière (chute du baril) depuis 2014, ainsi que la pandémie de 2020, ont aussi énormément affecté le secteur des hydrocarbures», a-t-il précisé.
Le ministre de l’Energie estime que les faiblesses de l’Algérie dans le domaine de l’exploitation à bon escient de ses richesses souterraines «ont été plus que jamais mises à nu». «Par conséquent, ce qu’il y a lieu de faire en urgence, c’est commencer par un état des lieux transparent et l’établissement d’une stratégie comportant deux étapes essentielles», a-t-il fait remarquer, prônant «des actions à court terme pour faire face aux impacts de la crise économique et son aggravation par la pandémie» et «des actions visant le long terme […] pour assurer la sécurité énergétique du pays, mais cette fois-ci à travers un vrai modèle de consommation énergétique basé sur les énergies renouvelables et l’économie d’énergie».
Ces actions consistent, pour le secteur de l’énergie, «à maintenir les capacités de production des hydrocarbures et de l’énergie (électricité et gaz naturel) pour le marché intérieur avec un effort particulier envers les usages producteurs de nouvelles richesses et d’emplois», a expliqué Abdelmadjid Attar, qui souligne que celles-ci sont aussi «concentrées sur la préparation de la mise en œuvre de la nouvelle loi 19-13 sur les hydrocarbures, dont 28 textes d’application sur 38 ont pu être finalisés en moins de 6 mois, l’objectif étant de développer le partenariat en amont et en aval dès 2021».
«C’est la priorité, mais comme les hydrocarbures seront encore nécessaires pendant des décennies, surtout le gaz naturel, nous devrons non seulement renouveler nos réserves, mais aussi en améliorer leur exploitation et de plus en plus leur transformation, en rattrapant le retard dans le domaine de la pétrochimie», a insisté le ministre qui mise sur une «adaptation de l’organisation des activités énergétiques aux défis présents et futurs, aux mutations et aux progrès technologiques à travers le monde».
Au sujet du projet Desertec, qui a fait couler beaucoup d’encre sans qu’il voie le jour, Abdelmadjid Attar a indiqué que l’Algérie ne devait pas «revenir dix ans en arrière, alors que les technologies, les stratégies et les modèles de consommation énergétique ont énormément évolué». «Nous devons, a-t-il insisté, passer à la vitesse supérieure dans ce domaine.»
M. K.
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