Cap vers l’Est
Par Mrizek Sahraoui – C’est faire preuve de bon sens, l’Ouest se meurt. Peu à peu se mettent en place de nouvelles bases du commerce international, en s’affranchissant des règles, jusqu’à l’avant-pandémie, édictées par les Etats-Unis, lesquelles règles ne prenant en compte que leurs intérêts propres. C’est en tout cas ce qui se profile à travers «l’accord sur l’investissement» sur le point d’être entériné entre l’Union européenne et la Chine, après sept longues années de négociations. Des pourparlers, aux allures d’une épreuve de force, entre une Chine disposée à commercer dans le cadre d’un principe gagnant-gagnant et une Europe depuis toujours soumise au feu roulant des représailles et des injonctions de l’Amérique qui, notamment au cours du mandat Trump, a freiné des quatre fers tout processus de normalisation des relations internationales.
Cette nouvelle alliance commerciale qui fait écho à l’accord post-Brexit du 24 décembre dernier montre clairement que l’Europe des 27 veut désormais tenir le cap vers l’Est. Vers la Chine où la croissance économique marque – encore – une reprise (4,9%) au troisième trimestre, faisant de cette dernière la locomotive du monde, pour ne pas dire la première puissance économique mondiale, injustement, absurdement qualifiée de «rival systémique» par certains économistes et quelques politiques occidentaux, à coup sûr et finalement au détriment de leurs intérêts.
Si les tractions sont tout près d’aboutir, c’est qu’Angela Merkel, la chancelière allemande, a pesé de tout son poids de première puissance économique européenne pour que la Chine et l’Union européenne parviennent à parapher cet «accord sur l’investissement» avant que l’Allemagne qui assure la présidence du Conseil de l’UE jusqu’au 31 décembre ne cède la main au Portugal, dès l’an neuf.
En plus d’être un pied de nez à Donald Trump, le contempteur du modèle chinois qui raconta, entre autres coquecigrues, pour justifier la vacuité de son plan de lutte contre la pandémie la fable du «virus chinois», cet accord sonne sinon comme une riposte, à tout le moins telle une réponse cinglante à l’acharnement du désormais ex-président d’isoler la Chine sur le marché mondial.
La question que d’aucuns se posent, c’est de savoir si Joe Biden va se laisser dominer par l’égoïsme mortel de son prédécesseur ou renoue[ra]-t-il avec le pragmatisme de Barack Obama, l’homme dont il a été vice-président qui promut et mena tambour-battant le Traité de libre-échange transpacifique (TPP), mais qui s’est finalement fait sans les Etats-Unis, volition de Donald Trump.
Outre le nouvel accord avec l’Union européenne devant donc être finalisé incessamment, puisqu’il n’y a pas eu de position hostile de la part d’un pays membre, la Chine, qui réalise par ailleurs près de 100 milliards de dollars d’échanges commerciaux avec la Russie, est liée à un autre accord signé le 15 novembre dernier, le plus important du monde en termes de produit intérieur brut -30% du PIB mondial et, selon les experts, celui-ci concernera plus de 2 milliards d’habitants : le partenariat régional économique global (RCEP), regroupant le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Eu égard aux résultats et aux bilans des uns et des autres, entre passer son temps sur Twitter à jouer au golf et gouverner, il aura fallu mieux choisir, Mister President !
M. S.
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