La polémique enfle sur le rythme de la vaccination en France : vers un fiasco d’Etat ?
Par Mrizek Sahraoui – La polémique enfle et on commence même à parler de grand bricolage, pour certains, carrément de fiasco d’Etat pour d’autres. Alors que dans de nombreux pays les campagnes vaccinales battent leur plein – chez certains, le nombre de personnes vaccinées se chiffre par centaines de milliers –, en France, pays de Louis Pasteur, on en est qu’à quelques dizaines (352), tout juste assez pour la communication gouvernementale, ont taclé des élus d’opposition.
Si, après le «scandale des masques», jugés inutiles au début de la pandémie, «les insuffisances graves de gestion», pour ne pas dire mensonges en pagaille et contre-vérités scientifiques, «le défaut d’anticipation», et «une politique très critique sur les tests», a cinglé un rapport de la mission dirigée par l’infectiologue et épidémiologiste suisse Didier Pittet sur la gestion de la crise sanitaire, si venait donc s’ajouter un autre échec relatif, celui-là, à la vaccination, Emmanuel Macron, désormais en funambule, verrait ses chances de briguer un second mandat s’amenuiser, voire totalement compromises, après un quinquennat qui tombe de Charybde en Scylla.
«Cette politique de vaccination est une déroute la plus totale», a tancé le Pr Juvin, chef de service aux Urgences de l’hôpital Pompidou. Alors, un échec, et non des moindres, connexe au vaccin combiné aux précédents et à tous les couacs qui ont émaillé le mandat Macron, c’est (sa) défaite assurée, prédisent certains détracteurs qui y voient, malgré tout et eux, une sacrée revanche.
A toutes ces appréhensions se greffe une autre crainte majeure : la pénurie de vaccin. En effet, dans une déclaration à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, le directeur général de BioNTech, Ugur Sahin, dit redouter des ruptures d’approvisionnement de son vaccin développé par le géant américain Pfizer, à la suite d’une forte demande qu’il dit ne pas pouvoir combler. Une complication supplémentaire s’agissant de la France dont la campagne vient d’être lancée à l’allure de tortue, risquant de prendre celle d’un mémorable et impardonnable fiasco.
Avec plus de 2,6 millions de personnes contaminées et près de 65 000 décès liés au Covid-19 à ce jour, après avoir vu les images diffusées le soir du Réveillon, immortalisant le passage à la nouvelle année dans une atmosphère de fin du monde, beaucoup se posent la question de savoir pour quelle raison la France est en retard par rapport à ses voisins européens. Britanniques et allemands notamment qui ont enregistré au dernier décompte respectivement plus d’un million et 100 000 personnes vaccinées.
Le grand paradoxe, c’est que ce sont les pays à la pointe de la technologie et de la recherche médicale – ils ne ratent jamais l’occasion de le dire haut et fort avec parfois beaucoup d’arrogance, voire de condescendance – qui ont payé le prix lourd en vies humaines et qui peinent à juguler la pandémie.
«Le prétendu nouveau monde est en train de basculer vers du très très rance», s’est émue une ancienne ministre.
Ce n’est pas faux, après tout.
M. S.
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