L’histoire de l’Algérie sous embargo
Par Mourad Benachenhou – Il y a une certaine tendance à anecdotiser l’histoire et à la réduire au récit d’événements qui ont eu lieu entre des dates déterminées fixées sur la base du calendrier grégorien, qui fait actuellement office de norme internationale de découpage du temps. Ainsi, à lire les récits qui reconstruisent le passé, non sans peine de la part de leurs auteurs, connaît-on dans les moindres détails ou presque, ce qui s’est passé sur le territoire algérien entre le 25 juin 1830 et le 5 juillet 1962. Au cours de cette période, l’Algérie, comme tout autre espace géographique habité par un peuple, a vécu des événements dont on peut dire qu’ils étaient distinctifs de son statut de colonie.
Pendant 132 ans, l’Algérie avait disparu de l’histoire du monde
En eux-mêmes, ces événements s’intégraient non dans une histoire autonome, mais dans l’histoire de la Métropole coloniale. Quelles qu’aient été les spécificités des «trois départements français», tout ce qui s’y passait n’était le fruit ni de décisions arrêtées localement par des autorités omnipotentes ni la réflexion d’orientations idéologiques propres aux habitants originels de ces départements.
L’histoire de l’Algérie, dans toutes ses péripéties, faisait partie intégrante de l’histoire de la France, avec tous ses remous, ses hauts et ses bas, ses victoires comme ses défaites, ses relations internationales, comme ses guerres.
Dans cette histoire, la place de la population autochtone ressortait du fait divers et ne se manifestait que lorsque cette population tentait de se débarrasser du joug colonial. Sinon, et la presse coloniale locale en était le reflet, l’indigène était absent du paysage médiatique et n’apparaissait pratiquement que dans les statistiques de décès ou les règlements de compte lors des souks hebdomadaires.
Même les qualificatifs d’«Algérienne» et d’«Algérien» étaient exclusivement réservés à la population des «immigrés illégaux» qui s’étaient installés en Algérie au cours de cette période. Toutes les décisions importantes touchant à la vie de la «population indigène» qui n’avait même pas le droit à un qualificatif la liant au lieu géographique où elle était installée depuis des millénaires, étaient prises unilatéralement par les autorités de la «Métropole», même si certaines d’entre elles recevaient le sceau du proconsul représentant le pouvoir colonial.
L’Algérie avait donc disparu de l’histoire du monde en tant qu’entité territoriale ayant une population originale déterminée et construite dans son unité comme dans ses spécificités par des siècles d’histoire autonome.
Une guerre pour le retour du peuple algérien à une histoire autonome
Le peuple algérien s’est battu avec courage et héroïsme contre un occupant autrement plus puissant et plus riche que lui, pour obtenir son indépendance et son retour dans la carte du monde comme nation et comme Etat ayant le droit à une histoire autonome.
Le contrôle de son histoire est revenu avec son indépendance, sans laquelle il aurait continué à être une des composantes de l’histoire de l’ex-occupant colonial.
Sans indépendance, il n’y aurait certainement pas eu une histoire de l’Algérie, mais une histoire de la France, dans laquelle l’Algérie n’était qu’un territoire, certes détaché géographiquement de l’Hexagone, mais néanmoins intégré totalement dans l’histoire de ce pays, avec ses spécificités, certes, mais au même titre que l’Ile de France, la Savoie, la Bretagne, etc.
La capitale de l’Algérie était Paris et les décisions prises à Paris déterminaient l’histoire de l’Algérie, quelles que fussent les tribulations à travers lesquelles le peuple algérien passait.
Tous les événements, sous toutes leurs formes, depuis la tentative organisée de l’Emir Abdelkader de reconstruire l’Etat algérien sous une forme en rupture avec l’Etat beylical détruit par l’invasion française, en passant par les actes de résistance de telle ou telle partie du pays, sans compter la confiscation des terres par les autorités coloniales, la politique de déracinement culturel délibérée conduite par ces autorités, etc., bref, tout ce qui caractérisait l’entreprise coloniale, n’avaient de sens que du fait qu’ils constituaient la trame de l’entreprise coloniale.
L’objectif poursuivi par les autorités coloniales était double : inscrire définitivement l’occupation coloniale dans le territoire algérien comme une entreprise légitime et légale, délégitimer toute tentative de la population locale de réclamer son droit à la différence et à une existence indépendante.
Le peuple algérien ne pouvait continuer à exister que comme peuple soumis aux diktats du système d’oppression coloniale qui lui avait été imposé par la force des armes.
Même l’élite algérienne ne pouvait émerger et exister que comme auxiliaire à la politique de domination et d’aliénation coloniale, et non comme une émanation spontanée du peuple algérien, élevée au plus haut niveau de la hiérarchie sociale du fait des valeurs culturelles et morales qu’elle pouvait exprimer.
L’embargo sur l’histoire de l’Algérie imposé par les dirigeants algériens
Le retour de l’Algérie comme entité autonome ayant la possession totale de son histoire, après 132 ans dans l’ombre de l’histoire du colonisateur, n’a pas été saisie dans toute son importance par les autorités nationales algériennes, d’autant plus que les premiers jours de l’indépendance retrouvée ne se sont pas déroulés dans l’harmonie qu’on aurait pu espérer après la longue nuit coloniale.
Ceux qui se sont emparés du pouvoir sur la base de motivations qui n’avaient rien à voir avec les intérêts de la nation ont vite pris possession de l’histoire de l’Algérie qu’ils ont traitée comme leur propriété personnelle et qu’ils ont manipulée au gré de leurs objectifs politiques à court et à long termes.
Un embargo total a frappé non seulement les événements, mais également les institutions et les hommes et femmes qui ont animé la lutte de libération nationale, dans sa phase finale. S’enveloppant dans la déclaration du 1er Novembre, transformé en référentiel abstrait, sans relation avec la pratique politique du moment, les maîtres de l’Algérie ont simplement interdit aux Algériennes et Algériens de reprendre possession de leur histoire et de la reconstituer en imprimant leur propre lecture sur la lecture coloniale des événements entre 1830 et 1962.
Cet embargo a conduit à une certaine ambigüité dans les relations officielles entre l’Algérie et son ancien colonisateur, Etat assis, ayant sa propre image à défendre contre un passé colonial loin de refléter sa prétention d’être la «patrie des droits de l’Homme».
Pour pouvoir raconter l’histoire contemporaine de leur pays, les Algériennes et Algériens qui en avaient la vocation et les capacités intellectuelles ont été obligés de s’exiler. Ainsi, paradoxalement, le système politique algérien qui a été instauré unilatéralement après une indépendance chèrement payée a-t-il simplement décidé de supprimer le droit du peuple algérien à une histoire totalement assumée, marquant le retour de l’Algérie comme sujet d’histoire autonome.
Ceci a laissé la voie totalement ouverte au révisionnisme historique dans l’ancienne puissance coloniale qui en a profité pour se laver plus blanc que blanc de son passé historique et continuer à glorifier ceux de ses citoyens qui ont pris part à cette entreprise de guerre totale contre le peuple algérien.
Imitation du modèle des historiens coloniaux
L’Algérie a pris un retard immense dans le contrôle de son histoire, que ce soit celle de la lutte de libération nationale ou la qualification de l’occupation coloniale, qualification qui reste prisonnière des écrits des citoyens de l’ex-puissance occupante, pour les uns sympathiques au sort peu généreux réservé alors au peuple algérien, pour les autres approbateurs de l’entreprise coloniale.
Ce qui caractérise ces écrits, quels que soient leur contenu et la position de leurs auteurs vis-à-vis de cette entreprise, c’est qu’ils se moulent totalement autour du fil conducteur du cette entreprise, c’est-à-dire son ancrage de légitimité et de légalité. Certes, on trouve des auteurs qui dénoncent la violence coloniale lors des tentatives de révolte, qui mettent à nu le cynisme des autorités coloniales drapant leur politique de domination du peuple algérien dans de nobles principes en totale opposition avec la pratique du terrain.
Mais le tout est présenté plus sous le signe de la moralité blessée par de telles pratiques que comme les révélateurs d’une ligne de conduite ressortant de la nature de l’action coloniale. On veut bien prouver que ces pratiques sont contraires aux valeurs universelles qui sont censées être la marque de la civilisation française et on considère cette pratique comme une déviation qui, globalement, reflète une situation locale n’ayant que peu de choses à voir avec l’objectif «humaniste» du système colonial. Celui-ci resterait, somme toutes, acceptable, malgré ses dérives, parce que, globalement, et même si on ne va pas jusqu’à le dire, «il a amené la sécurité et la prospérité à un pays soumis à la barbarie».
Bref, il y aurait des «historiens gentils» et des «historiens méchants» parmi ceux de l’ancienne puissance coloniale qui se sont penchés avec érudition sur l’histoire des 132 ans de domination coloniale française.
Une perspective spécifiquement algérienne de l’histoire coloniale est-elle possible ?
Y-a-t-il une possible perspective historique spécifiquement algérienne ? Il ne s’agit nullement de récuser les historiennes et historiens français, qui ont tous les droits de s’intéresser à l’histoire de la présence coloniale française et d’exprimer, à travers leurs écrits fondés sur des recherches d’une grande profondeur, documentés avec l’honnêteté intellectuelle indispensable pour la validité et la crédibilité de leurs explorations, d’autant que leurs recherches viennent non seulement combler des aspects ignorés de cette colonisation, mais également se substituer à la faible densité des écrits d’historiennes et historiens algériens.
D’ailleurs, beaucoup de ceux-ci consacrent plus de temps à tenter de décrypter les avatars de l’élite politique algérienne et des institutions politiques qui ont géré la lutte pour l’indépendance, qu’à donner un éclairage originellement algérien à la période coloniale, si ce n’est pour reprendre la perspective même qui est rejetée ici et dont les limitations apparaissent avec clarté dans le contexte actuel, où une commission mémorielle inter-Etats a été mise en place.
Il est important que soit présenté sous un nouvel éclairage, plus proche de la réalité coloniale, chacun des éléments constituant le système colonial, depuis la répression des révoltes populaires et la justice d’exception l’accompagnant, en passant par le régime foncier, sans oublier l’administration du culte musulman, l’enseignement, le mode de recrutement des fonctionnaires coloniaux, la place laissée tant à l’arabe qu’aux langues amazighes, comme la politique de division ethnique.
Chacune de ces questions, traitées de manière isolée, permet, certes, d’apprendre beaucoup de choses sur le système colonial, mais donne l’impression d’être une série d’improvisations destinées à renforcer les fondements de ce système pour en assurer la pérennité. Nombre d’historiens laissent entendre que les autorités coloniales ont construit l’Algérie coloniale par une série de mesures prises sous l’inspiration du moment, sans plan préconçu et pratiquement au hasard des individualités qui dominaient la vie politique en France ou en Algérie. C’est une perspective qui, parfois même sous le couvert de critique du système colonial par des historiens de bonne volonté et sympathiques aux malheurs du peuple algérien, aboutit à innocenter ce système dont les animateurs n’auraient fait que répondre aux circonstances, sans autre objectif que de trouver des solutions aux problèmes de la colonisation, et sans même être conscients des effets négatifs que ces solutions avaient sur la société musulmane.
Suivant ces narrations, la colonisation n’aurait pas eu pour motivation première de marginaliser de manière méthodique cette population majoritaire, mais seulement de rationaliser l’exploitation des ressources naturelles et humaines du pays, sans vraiment que ses concepteurs aient pensé que cette rationalisation réduisait à la misère, à l’ignorance et à la déchéance de la population.
Le colonialisme : une guerre multiforme visant à faire disparaître le peuple algérien
Le colonialisme n’aurait donc pas été méchant ou exploiteur par calcul. On a même tenté de prouver qu’en fait, la colonisation de l’Algérie aurait été un investissement perdant. Si tout tournait autour de la rentabilité de l’occupation de l’Algérie, pourquoi alors les autorités françaises se sont-elles acharnées à garder l’Algérie en y mobilisant 1,4 million de soldats, ajoutant plus à leurs pertes financières ?
Ainsi, selon les historiens du «terroir», la Guerre d’Algérie – ou plutôt les «opérations de maintien de l’ordre» –, aurait été provoquée par des «partisans de la violence», le 1er novembre 1954, qui auraient mis fin unilatéralement à plus d’un siècle de paix et de progrès amené par l’occupation coloniale «bénévole», «volontaire» et «civilisatrice».
Les nostalgiques du système colonial veulent faire croire qu’en fait, toute «l’affaire algérienne» pourrait se réduire à un simple cas de «CBVR» (coups et blessures volontaires et réciproques) provoqué, sans raison, par des «terroristes» qui s’en seraient pris, par «simple méchanceté» et sans provocations, à un système grâce auquel l’Algérie aurait connu une ère de paix et de sécurité sans précédent dans son histoire.
Mais, hélas, et les politiques et les faits qui caractérisent le système colonial en font un état de guerre permanent et multiforme contre les populations du pays occupé.
Le système colonial est un totalitarisme qui n’épargne rien de la société qu’il a placé sous son joug. Il n’y a aucun aspect de la vie de «l’indigène» qui soit laissé intact et intouché par l’agression coloniale. Cela va de la langue, en passant par la culture, sans compter l’accès à l’éducation, le droit à la propriété, l’exercice de la justice, la liberté de circuler, de s’exprimer, de vivre une vie digne d’être vécue, l’image même que se fait le colonisé de son individualité et de son droit à exister, etc. Cette guerre est non seulement totale, mais elle est également permanente, menée sans pitié, sous différentes formes, des plus violentes aux plus sournoises, contre la population occupée et pendant toute la période de l’occupation.
La guerre contre le peuple algérien a commencé le 25 juin 1830, au débarquement des troupes d’occupation, et s’est achevée le 5 juillet 1962.
Le 1er Novembre 1954 n’a pas provoqué cette guerre, il a seulement marqué une volonté populaire d’en finir une fois pour toutes avec l’état de guerre imposé unilatéralement par le système colonial au peuple algérien.
C’était un sursaut désespéré d’un peuple condamné à mourir qui, finalement, a préféré jeter un défi à l’agresseur colonial en le forçant à dévoiler sa «solution finale». Du début à la fin du système colonial, l’agressé a été le peuple algérien qui se battait sur son territoire contre un système qui lui faisait une guerre sans merci et sans relâche.
La Bataille d’Alger réplique de la Bataille de Marseille
La «grande rafle d’Alger», connue sous l’euphémisme de «Bataille d’Alger» pour innocenter les crimes commis par les quelque 40 000 hommes armés mobilisés par les autorités coloniales pendant neuf mois en 1957, sous le commandement du Gauleiter français, le général Massu, constitue l’apogée de la brutalité et de la barbarie coloniale sans pitié et, en même temps, un résumé condensé de la guerre menée contre le peuple algérien pendant 132 ans. Cette «bataille» n’avait rien d’un accident de parcours ou d’une réaction violente à des «actes de violence» perpétrés par des Algériennes et Algériens.
Cette «rafle» est un parallèle étrange à la rafle de Marseille montée par les autorités nazies, sous la conduite de Karl Olberg, contre les vieux quartiers entre les 22 et 24 janvier 1943, et justifiée ainsi par les autorités françaises complices des Nazis : «Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la sécurité de la population, les autorités militaires allemandes ont notifié à l’administration française l’ordre de procéder immédiatement à l’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port. Pour des motifs de sécurité intérieure, l’administration française avait, de son côté, décidé d’effectuer une vaste opération de police afin de débarrasser Marseille de certains éléments dont l’activité faisait peser de grands risques sur la population. L’administration française s’est efforcée d’éviter que puissent être confondues ces deux opérations. De très importantes forces de police ont procédé dans la ville à de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont été cernés et des vérifications d’identité ont été faites. Plus de 6 000 individus ont été arrêtés et 40 000 identités ont été vérifiées.» (La Police de Vichy, les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, 1940/44, Maurice Rajsfus, éd. Le Cherche Midi éditeur, en particulier chapitre XIV, La Bataille de Marseille, pp. 209–217, https://en.wikipedia.org/wiki/Marseille_roundup)
L’assassinat de Larbi Ben M’hidi symbole de la guerre d’extermination coloniale
Dans la «grande rafle d’Alger», dans laquelle, selon Teitgen, alors préfet de police de la ville, plus de 3 100 Algériennes et Algériens ont disparu, victimes de la barbarie coloniale, l’assassinat de Larbi Ben M’hidi apparaît comme le symbole de cette guerre sans merci menée sous différentes formes contre le peuple algérien pendant 132 années consécutives.
On donnera, sans le commenter, le rapport de cet assassinat, tel que rédigé par le général Massu, le «Gauleiter» qui a commandé cette «rafle» : «Depuis son arrestation, Ben M’hidi était gardé dans un cantonnement du 3e RPC à la disposition des services de police (DST) et des services de renseignements du bureau de la 10e Région militaire d’Alger. Ils avaient obtenu de lui certains renseignements et en attendaient d’autres, il sera transféré le 3 mars 1957 à 23 heures à Maison-Carré. Il sera supprimé avec l’accord des politiques de l’époque. Sa disparition comblera le vœu de notre ministre de la Guerre, M. Max Lejeune. Il estimait que Ben M’hidi avait suffisamment de sang sur les mains pour que son suicide soit souhaitable. Il me précisa : dites-vous bien que si l’avion de Ben Bella n’avait pas été piloté par un équipage français, il ne se serait jamais posé». (http://algeroisementvotre.free.fr/site0301/bataille/massu007.html)
Il faut souligner la déclaration du ministre de la Guerre français de l’époque, qui se disait avoir été prêt, en violation du droit international, à abattre l’avion civil qui transportait les dirigeants algériens, lors du premier détournement d’un avion civil, le 22 octobre 1956, si ses pilotes n’avaient pas été français.
En conclusion
L’histoire de la période coloniale est à revoir et à présenter comme elle a été vécue par le peuple algérien : une guerre sans merci contre lui ayant pour objectif de l’éliminer.
Le processus de décolonisation de la part de l’ancienne puissance coloniale est loin même d’avoir été entamé. Cette dernière ayant tout simplement décidé de se laver de tous les crimes qu’elle a commis contre le peuple algérien, la dernière phase de cette opération d’autoamnistie et d’amnésie contrôlée étant de faire reconnaitre aux autorités algériennes la légitimité du colonialisme, par le biais d’une commission mémorielle conjointe.
Il ne s’agit nullement de discuter de la compétence ni de la sincérité de l’historien chargé du côté français de la conduite de cette commission. C’est la signification politique de cette commission qui est questionnée, alors que le gouvernement français a décidé d’amnistier, unilatéralement et sans consulter les autorités algériennes, tous les hauts responsables militaires français impliqués dans la guerre contre le peuple algérien et d’aller jusqu’à baptiser des promotions militaires de leurs noms.
Il faut souligner qu’il n’est pas question d’exiger quelque type de repentance ou d’excuses que ce soit de la part de l’ancienne puissance coloniale, qui est suffisamment mûre et avancée pour savoir ce que veut dire le terme «décolonisation» et qui n’a besoin ni de remontrances ni de réclamations de la part de l’Algérie, d’autant plus que cette puissance clame être la «patrie des droits de l’homme».
Le processus de décolonisation dans l’ancienne métropole devient d’autant plus urgent que, depuis quelque temps, les autorités de ce pays sont engagées dans une campagne antimusulmane hystérique, sous le couvert de «lutte contre l’islamisme» et contre le «séparatisme musulman».
Les autorités algériennes ne peuvent pas donner l’impression qu’elles sont disposées, du fait de la situation de grande faiblesse par lequel passe notre pays, non seulement à conforter la France officielle dans sa stratégie de légitimation de la guerre coloniale menée contre le peuple algérien, mais également à donner son aval à la politique islamophobe déclarée, dont même les autorités et les intellectuels de pays «judéo-chrétiens» ne sont pas dupes.
Il est regrettable que nombre d’historiens algériens passent plus de temps à mettre à nu les déchirements des responsables de la dernière phase de la Guerre de libération nationale au lieu de présenter, sous une perspective spécifiquement algérienne, le système colonial comme une guerre d’extermination qui a duré 132 ans, et de revisiter, avec la passion et l’intensité qu’il mérite, l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, le symbole du peuple algérien martyrisé.
M. B.
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