Bien commun
Par Mrizek Sahraoui – En juin dernier, alors que la pandémie du coronavirus faisait régner la terreur un peu partout dans le monde, c’est toujours le cas, se traduisant par des bilans journaliers macabres, 154 leaders mondiaux, parmi eux des lauréats du prix Nobel et des célébrités venues de tous les horizons, avaient signé une lettre adjurant instamment les organisations internationales, OMS en tête, et les gouvernements, notamment et surtout ceux des pays riches, à déclarer sans délai le «vaccin anti-Covid bien commun de l’humanité» dont devraient bénéficier les pays vulnérables et à bas revenus, plus touchés par les difficultés d’approvisionnement, de financement des doses et de la logistique.
Dans ladite déclaration, les signataires exhortaient les «décideurs», comprendre sinon le G20, au moins le G7, à prendre des mesures permettant l’accessibilité au vaccin aux pays les plus défavorisés. «En fin de compte, la seule façon d’éradiquer définitivement la pandémie est de disposer d’un vaccin qui puisse être administré à tous les habitants de la planète, urbains ou ruraux, hommes ou femmes, vivant dans des pays riches ou pauvres», avait alors pris fait et cause l’appel, hélas, resté sans réponse à ce jour.
L’appel visait, selon ce panel altruiste, à faire valoir l’idée d’un monde plus juste. Même Emmanuel Macron a demandé, mi-novembre, à ses homologues du G20 à se montrer «solidaires des pays pauvres dans la lutte contre la pandémie du Covid-19, en particulier s’agissant du partage des futurs vaccins». Là encore, il faut y voir une promesse sans lendemain. En pleine première vague, le Président français avait émis le souhait d’effacer les dettes de certains pays vulnérables, avant de se raviser quelques jours plus tard.
On s’est bien vite aperçu qu’il s’agissait ni plus ni moins que des sempiternels et récurrents lantiponnages destinés à la consommation médiatique. C’est faire preuve de naïveté déconcertante que de croire que le vaccin anti-Covid, privilège des pays riches, dont les dirigeants sont passés maîtres dans l’art du storytelling, puisse devenir un bien public accessible à tous dans les mêmes conditions pour tous, sans distinction d’aucune sorte et indépendamment de l’échelle de chacun dans la hiérarchie mondiale.
C’est l’habituelle rengaine, il y a loin de la coupe aux lèvres. Honnêtement, qui songe à la brousse africaine, ou qui s’en soucie à l’heure qu’il est ?
A vrai dire, personne, même pas Emmanuel Macron, le félibre des paroles aux quatre vents.
M. S.
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