Le sommet des émirs du Golfe en Arabie Saoudite acte le divorce avec l’Algérie
Par Mohamed K. – Le sommet des monarques du Golfe en Arabie Saoudite, s’il a rabiboché les frères-ennemis, il a, par contre, acté le divorce d’avec l’Algérie. Le communiqué qui a couronné ce conclave de réconciliation entre les Al-Thani et les Al-Saoud, bien que figé de par sa langue de bois apparente, n’en cache pas moins des piques destinées aux pays qui rejettent la normalisation avec l’entité sioniste, au premier rang desquels l’Algérie.
Dans le texte sanctionnant la rencontre d’Al-Ula, les six pays de la Péninsule arabique laissent clairement entendre que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) passe désormais à une vitesse supérieure en transformant cet ensemble en une union et en regroupant les forces armées des Etats qui la composent pour n’en faire qu’une face à l’ennemi iranien. Israël n’a, à aucun moment, été cité nommément dans la déclaration finale, mais il y est fait allusion dans ses alinéas qui traitent des relations stratégiques nouées avec quatre pays arabes : le Maroc, l’Irak, la Jordanie et le Soudan.
Qu’est-ce qui lie ces quatre Etats ? La réponse à cette question réside dans la nature du régime au Maroc et en Jordanie. Les pétromonarchies veillent à sauvegarder ce mode de gouvernance face à d’éventuelles tentatives de soulèvements qui réclameraient la fin de la royauté et l’instauration de la République. Fragiles, les régimes de Rabat et d’Amman ont ceci de commun, qu’ils concentrent les richesses du pays entre les mains des familles régnantes pendant que l’écrasante majorité de leurs sujets vivent sous le seuil de pauvreté. Ce sont donc les intérêts des castes qui comptent en non ceux des peuples marocain et jordanien.
Le Soudan a accepté de normaliser ses relations avec Israël en échange des dollars qui seront versés par les monarchies du Golfe et certainement pas par Israël ou encore moins les Etats-Unis. Quant à l’Irak, aussi bien Washington que Tel-Aviv comptent sur un renversement de situation dans ce pays où les chiites sont majoritaires et ne sont pas prêts à être sous la coupe d’une puissance étrangère sunnite. Que peut-on promettre à un Irak riche en hydrocarbures et qui n’a nullement besoin d’une aide extérieure pour retrouver une prospérité perdue depuis l’invasion américaine et la chute de Saddam Hussein ?
Que l’Algérie n’ait pas eu droit de cité dans la déclaration d’Al-Ula ne signifie pas qu’elle en soit absente. Bien au contraire. Le soutien clair apporté par les six monarchies du Golfe à la violation du cessez-le-feu par le Maroc à Guergarate ne peut être interprété autrement que comme un désaveu à l’égard du voisin de l’Est dont le Makhzen se plaint auprès de ses mécènes et qui a clairement dénoncé «l’engouement» – dixit le président Tebboune – de certains pays arabes pour la normalisation avec l’entité sioniste.
L’Algérie ne figure clairement pas sur l’agenda des monarchies du Golfe dans les changements géopolitiques en cours, marqués par la lune de miel soudaine entre le régime de Tel-Aviv et les pays arabes, entraînés, malgré eux, par le courant de la capitulation face à l’ennemi d’hier devenu l’allié par excellence dans la guerre qui se prépare contre l’Iran.
A peine pourrait-on qualifier les monarchies du Golfe de pays «amis» maintenant que chacun a choisi son camp. N’est-il pas temps que l’Algérie quitte définitivement le bloc arabe dominé par les dynastes vassaux d’Israël et aille chercher ses intérêts ailleurs ?
M. K.
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