L’insurrection au Capitole à Washington met à nu la faiblesse de l’Union européenne
Par Wacim Kahoui – Tout s’est passé très vite ce mercredi 6 janvier 2021 à Washington DC ; à midi, le président sortant Donald Trump prend la parole ; à 13h, le Congrès commence à siéger et les manifestants envahissent le Capitole. A 14h, un couvre-feu est instauré et la Garde nationale est envoyée sur place. A 18h30, retour au calme et on annonce vers 20h la reprise de la séance du Congrès en vue de la certification de la victoire de Joe Biden. Bilan au moment de boucler cet article : 4 morts.
Ce mercredi 6 janvier 2021 rappellera désormais au monde entier que la plus vieille démocratie au monde a failli basculer dans un coup d’Etat inédit qui aurait pu plonger les Etats-Unis dans une guerre civile sans fin. Cette date est aussi à surligner en rouge pour une Europe qui a perdu de son intensité, en affrontant moult crises au courant de cette dernière décennie, a suivi cette insurrection entre consternation et condamnation, certes, avec des réactions qui ont afflué rapidement des principales capitales européennes et de l’Union européenne, mais ont montré combien la démocratie est fragile et combien l’Europe est faible !
Les dirigeants européens les plus ardents supporters de Trump, tels le Bulgare Boyko Borissov, le Hongrois Viktor Orban ou le Premier ministre Polonais, Mateusz Morawiecki, embarrassés sont restés plus silencieux.
Pour le président polonais, Andrzej Duda, il ne faut juste pas s’en mêler, pour lui les événements de Washington sont une affaire intérieure des Etats-Unis d’Amérique, qui sont un Etat démocratique et de droit. En revanche, aucune réaction n’est venue du président français, Emmanuel Macron, donné officiellement en quarantaine souffrant du Covid-19.
Mais faut-il être étonné de la faiblesse des institutions européennes ? Les réactions de Charles Michel, président du Conseil, comme de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, ou encore de David Sassoli, président du Parlement européen, et enfin de Josep Borrell, le haut représentant de la Politique étrangère et de sécurité de l’UE, énoncent des platitudes face à des évènements qualifiés énergiquement «d’insurrection» ou de «sédition» par le président élu Joe Biden, voire de tentative de coup d’Etat par des élus démocrates comme républicains.
La mollesse des réactions des hauts responsables des institutions européennes s’est traduite par des termes sans acuité. «Je crois en la force des institutions et de la démocratie américaines», dira Ursula von der Leyen. «Le Congrès américain est un temple de la démocratie», déclarera Charles Michel. «Aux yeux du monde, la démocratie américaine apparaît ce soir assiégée», ajoutera Josep Borrell sans renchérir. «Profondément inquiétant, les scènes du Capitole américain ce soir», soulignera David Sassoli.
Mais ce à quoi les dirigeants mondiaux accordent probablement le plus d’attention, c’est ce que feront par la suite Trump et les dirigeants politiques américains. Le refus de Trump d’accepter les résultats des élections et son appel frénétique à ses partisans peuvent avoir des implications profondes sur la façon dont les Etats-Unis seront perçus par le reste du monde.
Trump a déjà testé la position de l’Amérique dans le monde, et l’insurrection de mercredi a montré à quel point l’une des démocraties les plus anciennes du monde est fragile.
Le président élu Biden a fait de la reconstruction des relations avec les dirigeants mondiaux la pierre angulaire de sa politique étrangère et a promis de restaurer la réputation de l’Amérique à l’étranger. Le chaos de mercredi à Capitol Hill pourrait rendre ce projet encore plus difficile.
W. K.
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