En échange de quoi les émirs du Golfe achetaient les ministres de Bouteflika ?
Par Nabil D. – Ahmed Ouyahia a choqué plus d’un. Alors que des voix commençaient à demander que soient réhabilités les ministres jugés dans les affaires liées aux indus avantages accordés à ce qui est communément appelé l’oligarchie, c’est-à-dire les quelques hommes d’affaires qui orbitaient autour du cercle présidentiel, l’ancien Premier ministre a avoué avoir reçu des lingots d’or de la part de monarques du Golfe qu’il a revendus au marché noir pour une valeur de 350 millions de dinars.
Dès lors, la question se pose de savoir combien de ministres ont été destinataires de ce genre de cadeaux et en contrepartie de quoi. Un commis de l’Etat a-t-il le droit d’accepter de telles offrandes de la part de partenaires étrangers ? Y a-t-il des limites fixées légalement pour ce genre de cadeaux offerts dans le cadre des visites d’Etat ? Les biens reçus par les hauts responsables de l’Etat sont-ils destinés à la personne qui occupe le poste ou à l’Etat dont il est le représentant ? Autant d’interrogations qui nécessiteront sans doute l’ouverture d’une enquête pour recenser tous les présents offerts par des officiels étrangers.
La pratique en elle-même est courante. L’épouse du défunt président Houari Boumediene a versé tous les dons qui ont été remis à l’ancien chef de l’Etat dans le cadre de ses très nombreuses rencontres, que ce soit en Algérie ou à l’étranger, au patrimoine national et sont exposés dans un musée au sanctuaire des Martyrs à Alger. Aucun autre président n’a pris exemple sur le prédécesseur de Chadli Bendjedid. Durant ses vingt ans de règne sans partage, Abdelaziz Bouteflika a passé son premier mandat à bourlinguer de pays en pays pour, assurait-il, faire regagner à l’Algérie la place qui lui revient dans le concert des nations.
Limité dans ses déplacements depuis sa première maladie, en 2005, soit une année après le début du deuxième mandat, Abdelaziz Bouteflika n’en a pas moins continué de recevoir les chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que les monarques dont les déplacements dans notre pays se faisaient sans discontinuer. Les pétrodollars qui pleuvaient à verse avant l’écroulement du marché des hydrocarbures faisaient saliver les partenaires occidentaux et arabes qui se disputaient les parts de marché dans un pays qui sortait d’une décennie sanglante.
Si les procès en cours traitent les avantages obtenus par une poignée d’affairistes qui ont profité de la manne pétrolière sans qu’ils aient créé une quelconque plus-value, l’aveu d’Ahmed Ouyahia a ouvert la boîte de Pandore, si bien que la justice et les services de sécurité devraient se pencher sur ce nouveau scandale qui dit en cacher bien d’autres.
N. D.
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