Pourquoi l’Algérie a accepté de recevoir un mourant politique venu la narguer ?
Par Nabil D. – David Schenker a redit, ce dimanche, dans une conférence de presse animée conjointement avec le chef de la diplomatie marocaine à Dakhla, que «le mois dernier, le président Trump a annoncé que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental» et qu’Israël et le Maroc, «nos plus proches alliés», allaient renforcer leurs relations diplomatiques. «Ce sont là parmi les plus grands développements tout au long de deux siècles d’amitié entre les Etats-Unis et le Maroc», a-t-il insisté. Pour lui, le Maroc est un «allié essentiel», d’autant que les deux pays sont liés par des accords militaires «larges», sans compter que le Maroc «est le seul pays d’Afrique avec lequel les Etats-Unis partagent une zone de libre-échange», a-t-il encore ponctué.
Le programme du périple de l’émissaire de Trump était connu d’avance. Washington avait annoncé que le sous-secrétaire d’Etat allait achever sa visite par la Maroc après un «crochet» par l’Algérie. David Schenker était porteur d’un message clair à ses interlocuteurs à Alger : soit vous entrez dans les rangs, soit vous serez les grands perdants. L’Américain n’avait rien à offrir aux Algériens, sinon un maigre démenti relatif au transfert d’une base militaire américaine d’Espagne vers le Sahara Occidental. Ce n’est pas à l’ordre du jour, a-t-il «rassuré». Le fait est que l’armée américaine peut se passer d’une telle présence sur le sol sahraoui où elle aurait du mal à garantir la sécurité de ses installations et de ses hommes face à une réaction violente de l’armée sahraouie.
Or, ce que nombre d’observateurs avertis ne comprennent pas, c’est le feu vert accordé par les autorités algériennes à l’envoyé spécial d’un président américain qui quittera la Maison-Blanche dans quelques jours la queue entre les jambes. Qu’est-ce qui les empêchait de rendre la pareille à l’administration Trump en reportant la visite au-delà du 20 janvier, autrement dit en opposant une fin de non-recevoir diplomatique au malvenu hôte venu narguer les Algériens sur leur sol ? La visite du Premier ministre français, Jean Castex, a, elle, bien été ajournée pour des raisons d’agenda, a-t-on expliqué. Pourtant, indiquent des sources informées, c’est un véritable débarquement que le chef du gouvernement français s’apprête à effectuer à Alger, accompagné d’une armada de ministres pour la signature de nombreux accords, contrats et partenariats.
Pourquoi le sous-secrétaire d’Etat américain a-t-il, par ailleurs, été reçu par le ministre des Affaires étrangères en lieu et place du secrétaire général ou du directeur Amérique du Nord au sein du département présidé par Boukadoum ? Qu’attendait l’Algérie de l’émissaire en fin de mission d’un Président qui achève son mandat sur un scandale retentissant qui a failli lui valoir une humiliante destitution ?
Accueillir David Schenker était une erreur, s’accordent à dire de nombreux analystes, qui auraient préféré que les autorités algériennes n’accordent aucune espère d’importance à un homme politique américain connu pour avoir été formé à l’école de l’AIPAC, ennemi juré des Palestiniens et fervent défenseur du régime raciste de Tel-Aviv.
N. D.
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