Après les lingots d’Ouyahia : les onze milliards du fils d’Abdelmalek Sellal
Par Kamel M. – L’opinion publique n’a pas encore digéré l’affaire des lingots d’or vendus par Ahmed Ouyahia au marché noir, pour la coquette somme de 350 millions de dinars – 35 milliards de centimes –, que l’ancien bras droit de l’ex-président du Forum des chefs d’entreprise a jeté un nouveau pavé dans la mare. Mohamed Baïri a, en effet, révélé au juge que le fils d’Abdelmalek Sellal a cédé ses actions dans une entreprise contre cent dix millions de dinars, soit onze milliards de centimes, selon le quotidien arabophone El-Khabar qui a couvert le déroulement du procès.
Le fils de l’ancien directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika en 2009 et 2014 était associé avec l’homme d’affaires Ahmed Mazouz, jugé dans l’affaire du financement des campagnes électorales du Président déchu suite aux manifestations qui réclamaient le changement radical du système et s’opposaient au cinquième mandat que l’ancien vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd-Salah, voulait imposer par la force. Le propriétaire du groupe GM Trade a admis avoir versé trente-neuf milliards de centimes dans la cagnotte en vue de la campagne pour le rempilage du Président impotent.
L’association du fils d’Abdelmalek Sellal avec Ahmed Mazouz était un secret de Polichinelle, et rien, sous le règne de Bouteflika, ne permettait de dénoncer un conflit d’intérêts tant la connivence entre la politique et l’argent sale était devenue la règle de gouvernance, et tout haut fonctionnaire qui dérogeait à la règle était perçu sinon comme une menace au système de rapine dominant, du moins comme un élément gênant qu’il fallait excommunier. Les instances aussi pléthoriques qu’obsolètes, censées avoir été mises en place pour combattre la corruption et la prévarication, semblent, avec le recul, avoir été créées pour éblouir les citoyens par une lutte illusoire contre le crime économique qui atteignait des proportions inimaginables et gagnait les faveurs des plus hautes autorités du pays ou, du moins, croissait à l’ombre de celles-ci qui laissaient faire de peur de faire s’écrouler tout l’édifice.
Ce n’est pas pour rien que l’ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) et ancien patron de la Garde républicaine, Abdelghani Hamel, un des premiers à avoir été jeté en prison, a déclaré que pour pouvoir combattre la corruption, il fallait être soi-même propre. L’allusion était claire : tout le système était pourri, contaminé, rongé par la déprédation, la concussion et le vice.
K. M.
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