Conflit entre le ministre de l’Intérieur et le médiateur de la République ?
Par Houari A. – Le torchon brûle entre le ministre de l’Intérieur et le médiateur de la République ? Kamel Beldjoud accuserait Karim Younes d’ingérence dans la gestion de l’administration locale, et le médiateur reproche aux responsables des Collectivités locales l’absence de volonté à collaborer avec sa structure rattachée à la présidence de la République. Face au très discret ancien directeur de cabinet de Tebboune au ministère de l’Habitat, l’extraverti ex-président de l’APN multiplie les sorties médiatiques depuis quelque temps pour, dit-on, montrer qu’il est très actif et que son rôle est loin d’être secondaire.
Des observateurs voient plutôt dans cette gesticulation de l’ancien président du très éphémère panel installé sous Abdelkader Bensalah celle d’un médiateur en fin de mission qui aura échoué à donner de la consistance à cette instance qui avait été mise en place une première fois du temps de Liamine Zeroual. Présidée par le défunt Abdesselam Habachi, la médiature avait montré ses limites et n’avait pas été reconduite par Abdelaziz Bouteflika.
Calqué sur l’exemple français, cet organisme pose problème, dans la mesure où il empiète sur les prérogatives des élus locaux et des walis qui se voient ainsi placés sous une double casquette, celle de leur hiérarchie administrative et celle de la médiature relevant de la présidence de la République et qui, de ce fait, se présente comme une autorité supérieure, bien que ses prérogatives se limitent à servir d’intermédiaire entre les citoyens et l’administration. Double fonction puisque le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont tous ordonné que les portes des wilayas, des daïras et de mairies ne soient plus fermées devant les doléances nombreuses des administrés désabusés par une bureaucratie hypertrophiée.
Otage de vieux réflexes faits de paperasserie et de lenteurs, l’administration locale peine à s’adapter aux nouvelles exigences et à exécuter les instructions venues d’en haut visant à regagner la confiance des citoyens et à réduire le fossé qui sépare les gouvernants et les gouvernés. Une médiature de la République devient, dans ces conditions, complètement obsolète, et son existence, qui grève inutilement le budget de l’Etat en ces temps de crise économique, est sérieusement remise en cause.
Le ministre de l’Intérieur n’aurait pas caché son agacement quant aux interférences créées par les représentants locaux de la médiature de la République, en affirmant, selon des sources médiatiques, que ces derniers avaient pour mission d’accompagner les citoyens dans leurs démarches et non pas de mettre en place une administration parallèle. Ce à quoi Karim Younes a répondu en rappelant au ministre que si la structure qu’il préside existe, c’est parce que le chef de l’Etat a voulu qu’il en soit ainsi. Une façon de dire qu’en s’attaquant à lui, le membre du gouvernement révoque en doute un choix du Président.
Sauf que de nombreuses sources sont convaincues que le grand nettoyage prévu dès le retour d’Abdelmadjid Tebboune d’Allemagne pourrait ne pas épargner cet autre boulet dont l’utilité et l’efficacité restent à prouver.
H. A.
Comment (19)