Zekri à propos de la charte sur l’islam de France : «C’est une perte de temps !»
Par Nabil D. – «Tout cela est une perte de temps, ce qu’il faut, c’est organiser les mosquées et la formation des imams ; après, tout le reste, je le dis en toute honnêteté, c’est du blabla», s’est insurgé le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri. Interrogé par Radio Orient, ce dernier n’a pas mâché ses mots, considérant que jamais les musulmans de France n’ont subi autant de pression que sous Emmanuel Macron. «Il y a une précipitation de la part de l’Etat», a-t-il affirmé.
«Ce que contient la charte sur les principes de l’islam de France, qui vient d’être signée par cinq fédérations sur les huit qui composent le CFCM, existe déjà», a indiqué Abdallah Zekri, selon lequel «certains alinéas sont critiquables, notamment celui qui concerne l’égalité entre les hommes et les femmes, sachant qu’en France aussi ce problème existe, sinon le président Macron n’aurait pas jugé nécessaire de créer un ministère de l’Egalité». «Il y a également l’article relatif à la liberté de renoncement à la religion», a-t-il renchéri. «En France, je n’ai jamais entendu des imams fustiger ou condamner des musulmans qui voudraient changer de religion ou ne voudraient pas en pratiquer les préceptes. Cela existe, certes, dans certains pays arabes et musulmans, mais pas en France», a souligné le président de l’Observatoire contre l’islamophobie.
«Tout ça n’est pas net à mes yeux. On veut faire de cette histoire de charte une affaire politique à l’approche des élections», a-t-il déploré, en estimant que «chacun est libre d’interpréter ce texte à sa manière» mais que lui «[se] considère musulman et pratiquant». «Je suis citoyen français, je respecte les valeurs de la République, pour le reste, à mon avis, cette charte n’apporte pas grand-chose», a-t-il insisté, en ajoutant que le texte en question «est plus symbolique qu’autre chose».
«Le problème qui se pose à la France, à l’Europe mais également au monde musulman, c’est le terrorisme. Une charte ne servira à rien face à ce problème», a expliqué Abdallah Zekri sur les ondes de Radio Orient, ce lundi. «Il y a des gens qui nourrissent une haine envers la France, mais aussi contre des pays musulmans et qui, naturellement, recourent à la terreur, c’est cela qu’il faut condamner, c’est cela qu’il faut combattre, c’est cela qu’il faut surveiller», a-t-il dit. «Quant au reste, qu’un musulman veuille devenir catholique ou épouser la religion juive, ce n’est pas le problème de l’Etat», a-t-il poursuivi. Et de s’interroger : «Alors, pourquoi mettre l’accent sur ce genre de questions comme si nous autres musulmans de France n’étions pas respectueux et que dès que quelqu’un voudrait changer de religion nous le montrions du doigt ?»
«Les musulmans subissent une pression incroyable. Cela fait quarante ans que je vis en France et vingt-cinq ans que j’occupe des responsabilités au sein des institutions cultuelles musulmanes, je n’ai jamais ressenti une telle pression sur les musulmans de France pour nous amener à signer des documents sans même que nous ayons eu le temps de consulter la base», a déploré Abdallah Zekri, selon lequel «ni les fidèles ni les Conseils régionaux du culte musulman n’ont été sollicités pour donner leur avis». «La charte ayant été imposée par le sommet, attendons de voir si la base va en tenir compte ou pas», a-t-il préconisé, avant de dénoncer des «personnes soi-disant journalistes ou essayistes ou encore des Arabes de service qui passent leur temps à caresser dans le sens du poil en passant leur temps à stigmatiser les musulmans de France». «Qu’on arrête de considérer que les maux de la France viennent de l’islam ou des musulmans !» s’est-il indigné.
N. D.
Comment (14)