Détachement des navires de guerre russes à Alger : message reçu à Rabat
Par Kamel M. – La précision ne rassure ni les Etats-Unis ni le Maroc. Officiellement, le détachement de navires de guerre russes a accosté au port d’Alger, ce lundi, «dans le cadre d’une halte technique». Mais Washington et Rabat ne l’entendent pas de cette oreille, d’autant qu’il est indiqué que «cette halte s’inscrit dans le cadre des activités de coopération militaire entre les deux pays dans le domaine de la défense visant à renforcer l’échange d’expertise entre nos forces navales et la marine russe».
Ce qui donne des sueurs froides aux Marocains, c’est surtout le contexte de cette présence russe en Algérie. Courte mais fort symbolique. Elle intervient, en effet, dans le contexte particulier de la normalisation du régime de Rabat avec l’entité sioniste, marchandée contre la reconnaissance – éphémère – de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental par Donald Trump qui fait ses cartons ce mercredi, sur fond de graves tensions dans le pays. Preuve en est l’armada mobilisée par l’armée américaine aux abords de la Maison-Blanche.
La Russie a été parmi les premiers pays à condamner la violation par le président américain sortant du droit international et des résolutions de l’ONU en s’arrogeant le droit d’offrir un territoire litigieux à la puissance occupante. Une provocation qui a suivi une autre, celle de la violation du cessez-le-feu par les troupes marocaines à Guergarate, une violation encouragée et financée par les Emirats arabes unis qui auraient déboursé un milliard et de demi de dollars pour le compte du Makhzen afin de faire face aux frais induits par la reprise de la guerre contre une armée sahraouie plus déterminée que jamais à recourir aux armes pour briser l’arrogance marocaine.
Le détachement des navires de guerre russes intervient également au lendemain d’une manœuvre militaire d’envergure effectuée par l’armée algérienne à tirs réels au plus près des frontières avec le Maroc. Un avertissement clair aussi bien au Makhzen qu’aux Emirats arabes unis et à Israël, un triptyque qui constitue une véritable menace sur la sécurité de l’Algérie. L’exercice militaire fait suite à une mise en garde tout aussi claire du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, qui a appelé les soldats à se tenir prêts pour affronter tous types de menaces à nos frontières, «y compris contre un ennemi classique», avait-il insisté.
Les craintes marocaines d’une riposte algérienne après l’agression subie par les Sahraouis à Guergarate sont telles que les médias marocains affidés aux services secrets ont été jusqu’à voir une relation de causalité entre le retour de l’ancien ministre de la Défense nationale, le général à la retraite Khaled Nezzar, au pays et les événements qui ont éclaté dans le sud du Maroc où les armes tonnent à nouveau après un cessez-le-feu qui aura tenu trente ans.
Enfin, la gratitude exprimée par le diplomate américain Jonh Limbert «au peuple et au gouvernement algériens», quarante ans après la prise d’otages américains à Téhéran, en décembre 1979, résonne aussi comme une adresse au Makhzen à qui il est rappelé que l’Algérie compte également un grand nombre d’amis à Washington et que les Américains lui sont redevables de ce geste gravé dans leur mémoire à jamais et qu’un égarement puéril de Donald Trump ne peut l’effacer d’un trait de plume comme il l’a fait maladroitement sur la carte géographique du Maghreb.
C’est dire combien le Makhzen sait que son comportement hostile à l’égard de l’Algérie ne peut pas, et ne doit pas, dépasser le stade de la gesticulation et du flafla.
K. M.
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