Comment le port de Tanger est devenu une plaque tournante du trafic de coke
Par Abdelkader S. – Les douaniers brésiliens ont découvert, ce mercredi 20 janvier, 460 kg de cocaïne dans une cargaison en route pour le port de Tanger Med, au Maroc, ont révélé les médias brésiliens. La saisie de cette gigantesque quantité a été effectuée au port de Santos. La drogue était dissimulée dans des sacs de haricots. Plus de 1 500 kilos de cocaïne en partance pour le Maroc avaient été saisis par les autorités portuaires colombiennes le 11 janvier dernier. Ce qui fait un total de 2 tonnes saisies en deux semaines.
Ce chiffre pharamineux n’a pas manqué de faire rappeler à une source informée les propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, qui avait affirmé que la compagnie aérienne marocaine «ne transporte pas que des voyageurs». «Cette remarque correspond à la réalité», affirme cette source qui précise qu’«il n’y a pas que la Royal Air Maroc qui transporte autre chose que des passagers et des marchandises ordinaires». Selon elle, le port de Tanger Med est devenu une plaque tournante du trafic de drogue en provenance d’Amérique latine et destinée à l’Europe. «Les réseaux de trafic européens sont très satisfaits de ce service assuré par ce plus grand port de Méditerranée grâce à sa logistique impeccable», note notre source.
«L’Europe, qui passe un deal avec le Maroc pour bloquer les migrants africains, laisse ou voit passer en contrepartie beaucoup de produits prohibés en provenance du Rif marocain et de Colombie, résine de cannabis et drogues dures qui vont de pair avec la MDMA (ecstasy, ndlr) hollandaise et aussi mexicaine», fait remarquer notre source qui souligne que «ce trafic profite à des filières latino-américaines, marocaines et européennes constituées en institutions, en cartels et en mafias» qui profitent de la «bénédiction de la DEA américaine dont la politique est fondée sur le réalisme brutal de Washington qui consiste à accompagner et gérer un mal qu’on sait incurable».
«Tanger Med est l’Anvers méditerranéen de la cocaïne», explique notre source, qui précise que ce port «est un des points d’entrée les plus importants de la route de la coke sud-américaine» et «sert ensuite de relais pour Rotterdam, Anvers, Hambourg et Naples vu les facilités offertes par Tanger Med à tous points de vue et les services offerts par les douanes et les services de répression des stupéfiants et autres organismes directement ou indirectement concernés», autrement dit, grâce à des complicités au sein même des institutions officielles.
«Des douaniers d’Anvers et d’Amsterdam sont arrêtés pour corruption liée au trafic de drogue, pourquoi jamais à Tanger Med ?» s’interroge, dubitative, notre source, qui fait savoir qu’«à Tanger Med, aucune arrestation n’est possible vu la collusion du régime marocain avec les cartels». «Cette plaque tournante avancée de la cocaïne connexion va bientôt dépasser, dans ce domaine, ses grandes sœurs Amsterdam et Anvers en tonnages prohibés ; pour s’en convaincre, il suffit de consulter les statistiques marocaines des saisies de drogues dures à Tanger Med», affirme encore notre source qui remet en cause la «capacité» de l’Union européenne d’endiguer ce phénomène qui la dépasse. «L’Europe ne veut pas l’avouer, mais elle est gangrenée par ce problème et la Hollande et la Belgique sont affublées du statut de narco-Etat».
«Pendant ce temps, Tanger Med joue pleinement son rôle dans la contribution et la promotion des échanges avec l’Europe, des échanges de toutes sortes et de toutes provenances mais, assure-t-on, sans jeu de mots, tout ceci est blanc comme neige», ironise, enfin, notre source.
A. S.
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