Il «cède» le Sahara au Maroc et «livre» Tindouf au Polisario : Le Point récidive
Par Nabil D. – Après avoir décrété le Sahara Occidental territoire marocain, voilà que Le Point rattache la ville algérienne de Tindouf au Front Polisario, dans ce qui semble être une provocation de l’hebdomadaire, propriété de la famille Pinault depuis 1997 et dirigé par Etienne Gernelle depuis 2014. Si les médias dominants français, presse et télés, n’ont jamais caché leur penchant pour le régime monarchique de Rabat, la tendance à la diabolisation de l’Algérie est allée crescendo depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Le lien entre ces deux faits est clair.
L’information en France étant dominée par le lobby sioniste, il va de soi que l’Algérie, qui s’oppose à tout rapprochement avec l’Etat hébreu et le dénonce ouvertement et vigoureusement, allait être la cible de nouvelles attaques, après celles qui ont accompagné le mouvement de contestation populaire avant son détournement par les deux vassaux algériens du parti de François Mitterrand : les islamistes et un parti agréé en tant que correspondant local de l’Internationale socialiste. C’est dans ce registre que s’inscrit cet acharnement du magazine français de droite qui, dès qu’il s’agit de défendre la politique étrangère de la France, s’aligne machinalement, à l’instar de toute la corporation, sur l’Elysée et le Quai d’Orsay.
A l’égard de l’Algérie, le discours de la France officielle – président, gouvernement, classe politique et médias – a toujours été double. Pendant que les politiques et les diplomates brossent dans le sens du poil, opposition, journaux et télévisions s’assoient de l’autre côté de la balance dans un jeu d’équilibrisme qui vise, à la fois, à ne pas trop tirer sur la corde au risque de couper les liens avec l’ancienne colonie et à maintenir l’épée de Damoclès constamment suspendue au-dessus des Algériens, récalcitrants et indociles pour leur signifier qu’ils ont intérêt à «ne pas trop se la ramener».
Les deux dernières provocations du Point sont un marqueur manifeste de cette dualité française. Elles sont concomitantes à plusieurs événements qui concernent l’Algérie et la France séparément, les deux pays réunis et les chamboulements qui ont caractérisé le début de cette année et la fin de celle qui vient de s’écouler.
Une délégation comptant pas moins de huit ministres, conduite par Jean Castex, devra se rendre à Alger dans les prochains jours – ou semaines – dans le cadre de la commission mixte. De nombreux contrats seront signés, prolongeant ainsi une coopération que les brouilles cycliques entre les deux capitales n’ont jamais altérée, quelle que soit leur gravité.
Dans le même temps, le pouvoir en France se projette déjà en 2022. Emmanuel Macron, dont le mandat a été pour le moins catastrophique, aura besoin, comme tous ses prédécesseurs, du soutien de l’Algérie. Le rôle joué par Alger dans la victoire ou la défaite des candidats à l’Elysée est connu dans le sérail, d’où la valse des candidats à la présidentielle chez les décideurs algériens avant chaque échéance électorale. L’actuel locataire de l’Elysée sait, surtout, qu’un de ses prochains adversaires les plus favoris à sa succession, Arnaud Montebourg, compte bien tirer profit de ses origines algériennes pour être adoubé.
Difficile équilibre pour des prétendants à la fonction suprême qui, tels des funambules, doivent sauvegarder les intérêts français dans le protectorat marocain et, dans le même temps, maintenir une relation avec l’Algérie réglée de sorte que les disputes récurrentes ne dépassent jamais une certaine limite pour éviter une cassure définitive redoutée par l’un et l’autre pays.
N. D.
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