Grave révélation du maire d’Alger sur l’ex-ambassadeur de France en Algérie
Par Mohamed K. – Le président de l’APC d’Alger-Centre a jeté un pavé dans la mare lors d’un passage sur le plateau d’une chaîne de télévision privée. Prié de raconter une «anecdote» sur la visite du président François Hollande en Algérie, en 2015, Abdelhakim Bettache a révélé le contenu d’un échange que l’ambassadeur de France à l’époque avait eu avec un ministre. «Les usages diplomatiques dictent que le maire d’une ville accueille un président étranger à partir du moment où celui-ci prend un bain de foule dans la ville qui l’accueille», a expliqué l’élu MPA qui a démissionné du parti d’Amara Benyounès en juillet 2017.
Abdelhakim Bettache se remémore ce moment où, à côté de l’entrée principale de l’université d’Alger, Bernard Emié, l’actuel patron de la Direction générale de la sécurité extérieure, le service d’espionnage français, voulant présenter le maire au ministre, aurait tenu ces propos : «Je vous présente le maire d’Alger, c’est un Kabyle, il n’est pas comme les menteurs du pouvoir.» L’ancien ambassadeur voulait certainement faire de l’humour, mais le président d’APC d’Alger affirme ne pas avoir admis cette «boutade» à la fois raciste et portant atteinte à l’honneur du pays hôte, un ambassadeur n’ayant pas à se comporter de la sorte, qui plus est lors d’une visite officielle.
«J’ai alors rappelé le diplomate à l’ordre et lui ai répondu que je n’étais pas un Kabyle, mais un Algérien amazigh, arabe et musulman et je lui ai demandé de rectifier», a affirmé Abdelhakim Bettache qui n’a pas caché son agacement par rapport à ce «fâcheux incident». Bernard Emié se serait alors «excusé sur place», selon lui. «L’ambassadeur de l’époque montrait les immeubles de la capitale au ministre qu’il accompagnait comme s’il s’agissait encore de biens français», s’est indigné Abdelhakim Bettache qui dit avoir ressenti dans les propos de Bernard Emié une certaine nostalgie de l’Algérie française. «C’est comme s’ils avaient espoir de revenir un jour et qu’ils n’ont toujours pas digéré leur départ d’Algérie», a-t-il ironisé.
Le journaliste à Europe1, Michaël Darmon, expliquait, en octobre 2018, «comment la France «gère le dossier algérien». «Il faut savoir que les relations avec le pouvoir algérien sont en vérité plus gérées par la DGSE, les services de renseignement extérieurs, que par le quai d’Orsay. Le numéro un des services est Bernard Emié, ancien ambassadeur de France, c’est tout dire. Et si l’on croise l’actuel ambassadeur de France en Algérie, le commentaire est pas de commentaire sur la situation à Alger», avait soutenu le chroniqueur français qui s’est dit convaincu que «dans le cas d’Alger et Paris, pratiquement tout se fait dans l’ombre, à l’abri des regards».
Le comportement de Bernard Emié est symptomatique du mépris que certains responsables français nourrissent envers l’Algérie et les Algériens, lesquels tiennent des discours lénifiants destinés à vernir les relations en dents de scie entre les deux pays et ravalent leur satire qu’ils débitent hors caméras, entre deux banquets dans les salons calfeutrés d’Alger.
La révélation d’Abdelhakim Bettache enfantera-t-elle une nouvelle crise entre Alger et Paris qui viendra s’ajouter au ramdam provoqué par le rapport de Benjamin Stora ?
M. K.
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