Désobéissance ?
Par Mrizek Sahraoui – S’acheminera-t-on vers une désobéissance civile en France si Emmanuel Macron vient à décider un troisième confinement accompagné de nouvelles restrictions au terme du Conseil de défense de ce mercredi ou dans les prochains jours ? Le gouvernement français se veut rassurant, mais la question serait prise très au sérieux par qui de droit, à en croire la presse française citant des proches du chef de l’Etat.
A travers l’Europe, de nouvelles restrictions sont décidées, notamment chez un certain nombre de pays où la situation sanitaire se dégrade de nouveau très rapidement. En cause, les nouveaux variants identifiés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, jugés par les scientifiques plus contagieux et vraisemblablement plus létaux. Mais ces nouvelles mesures contraignantes semblent avoir porté à conséquence. Notamment aux Pays-Bas et au Danemark où une partie de la population vient de contester les mesures prises pour stopper la pandémie et refuse de se voir imposer un nouveau confinement, ou même un couvre-feu nocturne. Des incidents ont même été déplorés, le week-end dernier, dans ces deux pays.
La contestation, qui a débuté au nord de l’Europe, risque, par effet de domino, de se propager à la vitesse de la pandémie du coronavirus à travers toute l’Union européenne, plongée dans un total imbroglio à la suite du retard de production et de livraison du vaccin anti-Covid, bien que l’alerte sur une probable rupture ait été donnée dès le 1er janvier dernier par le directeur général de BioNTech.
Mais c’est en France que le risque d’une contestation jusqu’au-boutiste du régime pèse le plus. Les ingrédients d’une explosion généralisée sont réunis, relèvent des observateurs, selon lesquels, en pratique, tout est totalement confus, les polémiques se succédant aux couacs. «Situation kafkaïenne, et tout part en vrille», fustigent par ailleurs de nombreux élus confrontés à la réalité du terrain où les difficultés liées à la vaccination s’amoncellent jour après jour.
Il y a de quoi. Après un début de campagne vaccinale lancée au train de sénateur, c’est désormais le spectre d’une grosse pénurie de doses qui plane. Et la crainte d’une rupture durable est partagée par l’ensemble des pays européens, la France en tête, qui ont fait le choix du vaccin du géant américain Pfizer, le premier laboratoire à obtenir, en Occident, les autorisations nécessaires de mise sur le marché.
En principe, cela ne devrait pas du tout surprendre si, comme l’ont fait remarquer tous les détracteurs de la politique sanitaire d’Emmanuel Macron, l’Exécutif n’a pas, dès le début, opté pour un mode de gestion tiers-mondiste de la crise sanitaire. Pour rappel, dès le 1er janvier dernier déjà, le directeur général de BioNTech, Ugur Sahin, avait indiqué à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel que, face à une forte demande, il fallait envisager des ruptures d’approvisionnement. Une indisponibilité de vaccin qui fait que la campagne vaccinale se fait désormais au doigt mouillé, tributaire des laboratoires pharmaceutiques, à présent dans l’incapacité d’honorer leurs engagements.
Une situation embrouillée, mais surtout inquiétante pour Emmanuel Macron, à quinze mois de l’élection présidentielle qui s’annonce plus que jamais incertaine, voire compromise. D’autant que la cheffe du parti d’extrême droite, le Rassemblement national qui tente de faire peau neuve, se voulant depuis un moment non comptable de l’ère du père fondateur, s’est adjugé la première place dans tous les récents sondages, devançant Macron de trois points.
Donc, la résurgence d’une nouvelle protestation populaire après celle des Gilets jaunes ruinerait définitivement les espoirs du locataire de l’Elysée, prédisent des observateurs, selon lesquels ce dernier, outre son bilan mitigé, a «tout foiré par une certaine forme d’arrogance, voire de mépris à l’égard des Français», les «66 millions de procureurs», a dénoncé Emmanuel Macron lors d’une de ses dernières sorties, dont 46 millions d’entre eux sont avant tout des électeurs, a fait rappeler un député de la France Insoumise.
A. S.
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