Les pays qui ont normalisé avec Israël se lamentent : la grande désillusion
Par Nabil D. – Les pays arabes qui se sont rués vers la normalisation avec Israël sous l’impulsion du gendre de l’ancien président américain, Donald Trump, commencent à se rendre compte que l’opération n’était guère plus qu’un tour de prestidigitation dont la fausseté a vite fait d’apparaître au grand jour dès la prise de fonctions de Joe Biden à la Maison-Blanche. Et il n’y a pas que la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental qui est remise en cause.
En effet, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui croyaient naïvement que les Etats-Unis allaient leur fournir des armes qui allaient pouvoir [enfin] leur assurer un équilibre militaire avec Israël, constatent que cela relevait de fausses promesses de l’ancien locataire du bureau ovale pour attirer les régimes monarchiques du Golfe dans la gueule du loup. Ni les Saoudiens ni les Emiratis n’obtiendront les avions de guerre de dernière génération que Jared Kushner leur avait promis pour, leur avait-il assuré, pouvoir faire face avec Israël à la «menace iranienne».
Or, les experts militaires sont unanimes à dire que les Etats-Unis, comme la Russie, au demeurant, réservent les armements les plus sophistiqués à leurs alliés stratégiques. Ces experts expliquent, par exemple, que des avions de chasse du même type vendus à Israël et l’Egypte ne sont pas dotés des mêmes fonctionnalités et des mêmes technologies, l’armée israélienne devant toujours avoir une supériorité comparativement à ses «ennemis» arabes, quand bien même des accords de «paix» seraient signés de part et d’autre. Les régimes arabes ont-ils été crédules à ce point ? Oui, répondent ces experts, qui soulignent que rien dans la situation géopolitique mondiale n’appelle un changement dans les équilibres savamment entretenus par les deux grandes puissances mondiales, en dépit de la dernière «grande évolution» – la série de normalisations – qui n’en est pas une, en réalité, explique-t-on encore, tant l’ordre mondial demeure inchangé dans sa globalité.
L’Arabie Saoudite, le Qatar et le sultanat d’Oman, qui allaient emboîter le pas aux Emirats arabes unis, à Bahreïn, au Maroc et au Soudan, ont dû se raviser. La machine de la normalisation s’est enrayée et son plan a été stoppé sec par ses déboires qui ont marqué les derniers jours d’un mandat insolite. Des pays qui continuent néanmoins à s’accrocher à une chimère, relayant avec une euphorie à peine dissimulée la déclaration du successeur de Mike Pompeo qui a salué la «normalisation», mais se gardant d’ajouter que la nouvelle administration américaine se félicite surtout de ce que celle-ci (la normalisation) n’est positive que parce qu’elle «garantit la sécurité d’Israël».
Les décisions hâtives et hasardeuses de Donald Trump ne visaient qu’à lui assurer un second mandat. Il espérait remplacer la guerre par la paix, argument qu’il a brandi à la fin de son mandat et à l’approche de la présidentielle pour gagner le plus grand nombre de voix. Mais il a commis un faux pas impardonnable : celui de passer outre les résolutions onusiennes dans le dossier sahraoui, faisant des Etats-Unis ouvertement un Etat voyou et provoquant la colère de l’ensemble de la communauté internationale qui allait faire perdre à la chancelante première puissance mondiale sa position d’incontesté gendarme international.
Joe Biden corrige les erreurs de son prédécesseur en rétablissant les très fragiles grands équilibres mondiaux de sorte à éviter que les errements de Donald Trump se retournent contre les Etats-Unis.
N. D.
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