L’abbé italien Mauro Meacci : «L’Algérie nous rappelle la force de la vérité !»
De Rome, Mourad Rouighi – Répondant à l’invitation de Dom Mauro Meacci, abbé du monastère des bénédictins de Subiaco, l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Ahmed Boutache, s’est rendu hier [jeudi] en visite à cette petite ville située à 70 km de la capitale italienne et, le temps d’une matinée, a pu y admirer un lieu vieux de seize siècles et qui, clin d’œil de l’histoire, conserve des documents d’inestimable valeur ayant appartenu au grand humaniste algérien Saint-Augustin, dont la contribution à la pensée humaine a pu être élaborée entre les villes de Souk-Ahras, son lieu de naissance, et Annaba, ville d’un long et fécond magistère.
Le diplomate algérien, qui était accompagné par l’attachée culturelle, Mme Hiba Fennouche, a d’emblée remercié ses hôtes pour cette attention toute particulière vis-à-vis de notre pays et un de ses plus illustres penseurs et affirmé que l’Algérie «est résolument engagée dans la voie des idées, de la culture, de la foi authentique et de la promotion de son histoire riche et jalonnée de contributions brillantes au développement de la civilisation universelle».
Et de souligner que «nous vivons des moments difficiles en raison de la pandémie en cours, mais malgré toutes les restrictions, j’ai tenu aujourd’hui à être parmi vous, pour vous dire que face à la logique destructrice de la haine, nous pouvons ensemble opposer une action de dialogue et de compréhension mutuelle. C’est tout le sens de la Déclaration conjointe entre le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Taieb, et le pape François 1er à laquelle l’Algérie adhère avec conviction, d’où la symbolique de ma présence en ce jour heureux parmi vous, pour construire des passerelles au lieu de dresser des murs. Et ces grains semés ici et là donneront tôt ou tard de bon fruits pour nous tous».
L’ambassadeur Boutache, durant une brève allocution prononcée devant les moines de ce prestigieux monastère, a également rappelé que le projet de restauration de la basilique de Saint-Augustin d’Annaba a été entrepris et financé par l’Algérie, «partant du principe acquis que l’Eglise catholique est en droit de jouir de tous ses droits au sein de la grande famille nationale, plus que jamais fière de son histoire riche et de son cheminement résolument inclusif». «L’auteur des Confessions et de La Cité de Dieu, a-t-il poursuivi, fait désormais partie d’un patrimoine partagé et personnifie cette Méditerranée à laquelle nous aspirons tous, espace de rencontres et de dialogue».
Et de conclure que des colloques sur Saint-Augustin se sont déroulés en Algérie, réunissant les plus prestigieux experts, et que cette démarche «puise sa force dans l’attachement de notre peuple à son passé plusieurs fois millénaire et de son engagement à tout entreprendre pour mettre en valeur cette riche spécificité algérienne».
Une visite qui, faut-il le souligner, a été largement commentée par des médias locaux et régionaux, qui ont fait le parallèle avec la récente interview accordée par l’archevêque d’Alger, Monseigneur Paul Desfarges, à l’agence d’information Fides, par le biais de laquelle le prélat algérois a tenu à préciser que «le problème de la liberté de culte ne se pose pas en Algérie» et que les lieux de culte de l’Eglise catholique «sont reconnus par l’Etat algérien qui garantit le libre exercice du culte à tous les citoyens, dans le cadre du respect des dispositions de la Constitution et des lois en vigueur».
A noter qu’en fin de visite l’ambassade d’Algérie a offert au monastère un tableau de l’artiste vénitienne Shamira Minozzi qui peint Saint-Augustin drapé de l’emblème national, ainsi que des livres étayant la riche histoire de notre pays, et a reçu des mains de l’abbé Dom Mauro Meacci des médailles à l’effigie de Saint-Benoît, fondateur du monastère et des ouvrages précieux illustrant son rayonnement mondial. Ce dernier a affirmé que «l’Algérie nous rappelle la force de la vérité».
M. R.
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