Même après une recrudescence des contaminations au Covid-19 : Macron joue la montre
De Paris, Mrizek Sahraoui – Les avis sont divergents : un coup audacieux, selon certains, de dés pour beaucoup. Des médecins et des personnels soignants surtout qui sont en première ligne, au fait de la situation au niveau des hôpitaux depuis quelques jours sous pression, notamment dans les services de réanimation, en ce temps épidémique le talon d’Achille du système de santé français.
Les mesures décidées lors du conseil de défense, tenu in extremis ce vendredi, et annoncées par le Premier ministre, sont globalement jugées très légères au regard de la situation très critique sur le front de la pandémie. D’aucuns estiment qu’en procrastinant Macron joue gros. «Une stratégie à double tranchant», «un pari très risqué», ont immédiatement commenté les habituels intervenants dans les débats télévisés. Parce que s’il échoue et si la France renoue avec les lourds bilans de mars et avril 2020, c’en sera définitivement fini de sa candidature à un second mandat, a-t-on expliqué.
Dès après les annonces du Premier ministre, l’Exécutif a essuyé un feu de critiques de la part des oppositions, convaincues que, cette fois, le Président, navigant à vue et n’étant plus maître des horloges, a pris une décision politique en décalage avec la réalité de la crise et à rebours des recommandations d’une grande partie des médecins hospitaliers et même du Conseil scientifique.
«Ce gouvernement ne sait plus trop où il va», a fustigé un élu du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, «la même erreur qu’il y a un an quand on pensait qu’on ne vivrait pas ce que vivait l’Italie», a taclé un chef de service de réanimation d’un hôpital parisien au bord de la saturation. Les plus remontés d’entre les détracteurs d’Emmanuel Macron, eux, croient savoir les raisons qui ont poussé le Président à jouer la montre. Le chef de l’Etat craint une contagion en France de la contestation qui gagne un certain nombre de pays européens, assène-t-on du côté de l’opposition.
Les décisions de Macron, parce que lui seul décide, de reporter le confinement à une date ultérieure, pourraient se révéler désastreuses, après une année macabre, 75 620 victimes et 3 153 487 personnes contaminées au dernier bilan établi par Santé publique France.
Donald Trump a payé lourdement sa gestion de la crise sanitaire qu’il avait minorée. Par sa gestion très critiquée, Emmanuel Macron pourrait également être la victime politique du Covid-19, supputent certains analystes. D’autant qu’une étude publiée ces derniers jours par l’institut Lowy de Sydney, un groupe de réflexion australien, mesurant l’efficacité de la stratégie de gestion mise en place pour lutter contre le Covid-19, a classé la France au 73e rang sur un total de 98 pays.
M. S.
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