Un lycéen en France obligé de retirer son masque aux couleurs de l’Algérie
Par Houari A. – L’affaire n’a pas fait grand bruit. On n’en aurait pas eu écho si le père de l’élève victime de discrimination anti-algérienne n’avait pas enregistré une communication avec la proviseure du lycée où son fils a été obligé de retirer son masque pour le motif qu’il était aux couleurs du drapeau algérien. «Bonjour Madame, [je suis] le papa de Dalil, il s’est passé quelque chose hier avec Dalil ou pas ?» a demandé le père de l’élève qui n’est pas lui-même algérien mais dont l’épouse est originaire d’Algérie.
La responsable du lycée a d’abord tenté de nier les faits, avant d’essayer à grand-peine de justifier la décision, illégale, prise par son établissement, aux yeux des lois françaises qui s’est ainsi rendu coupable d’acte raciste. «Pas à ma connaissance», a d’abord répondu la responsable, avant de demander : «Pourquoi ?» Le parent d’élève lui rafraîchit la mémoire : «Ben, vous connaissez bien Dalil, vous savez en plus que c’est un garçon très gentil, qui a sa place, qui [n’]a jamais eu de problèmes, en plus, moi, vous me connaissez, je fais partie du conseil d’administration. Voilà, hier, Dalil [il] portait [donc] un masque de l’Algérie…» La proviseure l’interrompt : «Ah, oui, exact, oui !»
«Il s’est passé quoi avec cette histoire de masque ? En fait, j’ai envie de comprendre, j’essaye de comprendre, légalement qu’est-ce qui a fait que… ?» La proviseure explique : «Il est rentré dans le lycée avec le masque, avec le drapeau algérien sur le masque. J’étais à l’accueil du lycée à ce moment-là avec [une autre responsable dont elle cite le nom]. Moi je ne l’ai pas vu passer, Mme […] m’a dit [que] Dalil porte un masque avec le drapeau d’Algérie. Je lui ai dit d’aller le chercher et, du coup, Dalil est revenu, elle lui a dit que ce serait peut-être, heu, comment, plus neutre de porter un masque tout à fait simple et qu’on pouvait lui passer un masque jetable pour la journée. Il a dit non, non, j’en ai un autre dans mon sac, il a changé son masque et il est parti en courant.»
Absolument pas convaincu par la réponse de son interlocutrice, le père du lycéen rétorque : «Connaissant mon fils, je n’ai pas de problème au niveau de la discipline…» Il est de nouveau interrompu, la proviseure rebondit sur la question de la discipline et affirme avoir été étonnée par le comportement de Dalil : «On a été très surpris même, on s’est dit pourquoi ? On a pris ça pour une forme de provocation…» «Une forme de provocation, vous me dites ?» s’insurge le père. «Donc, le drapeau d’Algérie, c’est une forme de provocation ?» a-t-il demandé. «On doit avoir une complète neutralité dans l’établissement scolaire», lui répond la proviseure, peu assurée car se rendant vraisemblablement compte de la gravité de la situation. Elle poursuit dans une tentative de justification peu pertinente : «Ç’aurait été le drapeau français, ç’aurait été pareil.»
«Là, je ne suis pas bien sûr, je ne suis pas bien sûr», réagit le père en insistant sur le fait qu’il aborde cette question dans son aspect purement légal. «J’essaye de comprendre, je ne suis pas d’origine algérienne, c’est sa maman qui est algérienne», insiste-t-il pour lever toute équivoque. «J’essaye juste de comprendre l’incident avec mon enfant : pourquoi et, légalement, de quel droit le lycée se permet de demander à mon fils d’enlever le masque parce que c’est le masque de l’Algérie ?» demande encore le parent d’élève en essayant tant bien que mal de garder son calme. «Si ça avait été celui de l’Italie ou de l’Argentine ou quoi que ce soit, on s’en fout. Aujourd’hui, est-ce que vous êtes en droit de faire enlever le masque à mon fils parce que c’était un drapeau algérien ?» persiste-t-il.
«On a fait ça par…, alors, je ne sais pas, au niveau de la légalité, je vous le dis honnêtement, je ne sais pas, on a fait ça pour éviter tout risque de polémique dans un sens ou dans l’autre», s’est contentée de répondre la proviseure qui voit donc dans le drapeau algérien une probable source de «polémique».
H. A.
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