Sputnik V sur orbite
Par Mrizek Sahraoui – Quand, le 11 août dernier, Vladimir Poutine avait annoncé avant tout le monde que la Russie avait développé son propre vaccin anti-Covid, beaucoup étaient sceptiques, avaient émis alors des doutes sur «la qualité, l’efficacité et la sécurité» dudit vaccin. La méfiance avait même gagné l’OMS, qui avait partagé les craintes de la communauté internationale, entendre les pays occidentaux qui, de concert, y voyaient «une arme géopolitique» plus qu’une réponse salutaire contre le coronavirus.
Il a fallu attendre presque un semestre, jusqu’à la publication des résultats d’une étude de la revue médicale britannique The Lancet, pour que, enfin, ladite communauté internationale prenne au sérieux le vaccin anti-Covid russe Sputnik V, désormais sur orbite.
Les résultats de l’étude publiée par la prestigieuse revue britannique viennent rassurer tous les pays, dont l’Algérie, qui ont fait le choix de Spoutnik-V. Un choix judicieux, puisque, outre qu’il est efficace à 91,6 %, un chiffre presque identique à ceux des vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, Sputnik V présente plusieurs atouts, moins cher et, surtout, avec des conditions logistiques à la portée de tous les pays. Contrairement aux autres vaccins adoubés, jugés plus chers et nécessitant une chaîne logistique très lourde et complexe.
Ces dernières heures, la phrase qui revient le plus, employée par plusieurs responsables politiques et sanitaires européens redevenus plus pragmatiques, est qu’«on ne regarde pas la nationalité d’un vaccin». Traduire, il faut s’attendre fort probablement à une homologation européenne très rapide du vaccin russe pouvant être la solution inespérée pour pallier la pénurie de doses enregistrée en Europe.
Le vaccin russe arrive au bon moment. Plus simple à transporter et à stocker, Sputnik V devra arranger tous les pays pauvres qui font face à une scandaleuse inégalité face aux vaccins. Alors qu’en Afrique plane le spectre d’une vague meurtrière liée non pas au virus originel mais au nouveau variant identifié en Afrique du Sud, plus contagieux, avec une charge virale plus élevée, donc potentiellement plus létal, 53% des commandes de vaccins sont effectués par 14% de la population mondiale, la partie la plus riche de la planète.
Mais à n’en point douter, l’arrivée du vaccin russe sur le marché mondial va certainement donner un coup d’accélérateur à la vaccination. Notamment en Afrique qui subit de plein fouet une deuxième vague et où les campagnes vaccinales peinent à démarrer pour les raisons que chacun sait.
M. S.
Comment (10)