Cette exigence d’Israël qu’une ONG juive appelle le patron de Facebook à rejeter
Par Nabil D. – Jewish Voice For Peace a lancé une lettre ouverte aux patrons de Facebook dans laquelle ils demandent «instamment» à Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg de «ne pas ajouter les mots sioniste et sionisme en tant que catégorie protégée», tel qu’exigé par le gouvernement israélien actuel et certains de ses partisans qui veulent que ces deux termes soient ajoutés à la liste des mots interdits. «Un tel ajout mettrait fin aux conversations sur la responsabilisation des politiques ainsi que sur les interventions néfastes pour les Palestiniens», expliquent les signataires de la pétition qui estiment que «Facebook devrait refuser de coopérer avec ceux qui cherchent à construire plus de murs pour nous diviser».
«Une chose nous inquiète beaucoup : si Facebook révise sa politique en matière de discours haineux en qualifiant à tort d’antisémites certaines conversations sur les sionistes et, par voie de conséquence, le sionisme, cela pourrait nuire à certains utilisateurs et utilisatrices de Facebook et saper les efforts visant à démanteler l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, d’extrémisme et d’oppression», souligne l’organisation militante juive basée aux Etats-Unis. «Nous ne pourrons pas neutraliser l’antisémitisme si on nous empêche d’exprimer nos opinions et de partager nos expériences entre nous», ajoute-t-elle, en précisant que «nous pouvons discuter, débattre et même être en désaccord, tant que nous partageons la conviction que nous méritons tous et toutes de vivre en sécurité, en liberté et dans la dignité».
Jewish Voice For Peace demande à Facebook de «ne pas ériger de barrières qui empêcheraient des utilisateurs et utilisatrices d’entrer en relation quand nous nous efforçons de faire ce travail». «C’est la mauvaise solution à un problème réel et important : ceux qui alimentent l’antisémitisme en-ligne continueront de le faire, avec ou sans les mots sioniste et sionisme», fait remarquer cette ONG qui milite pour le respect des lois internationales. «De fait, poursuit-elle, de nombreux antisémites, notamment parmi les suprématistes blancs et les sionistes chrétiens évangéliques, appuient le sionisme tout en tenant des discours et en faisant des gestes qui déshumanisent, insultent et isolent le peuple juif».
Pour les auteurs de la lettre adressée aux deux dirigeants du réseau social le plus influent au monde, «le fait que Facebook veuille restreindre l’usage de certains mots donnés, en plus de ne protéger personne parmi nous, aura pour effet de nous empêcher de discuter tous ensemble d’enjeux politiques primordiaux pour nous et de tenir les gens et les gouvernements responsables de leurs politiques et de leurs actions». «Chose plus importante encore, cela empêchera les Palestiniens et Palestiniennes de partager leurs expériences et histoires quotidiennes avec le reste du monde, qu’il s’agisse d’une photo des clés de la maison de leurs grands-parents qui a été perdue lors de l’attaque des milices sionistes en 1948 ou de la diffusion en direct de colons sionistes en train de détruire leurs oliviers en 2021», insistent-ils, en faisant part de leur crainte de voir «les utilisateurs juifs et utilisatrices juives de Facebook empêchés de discuter de leurs relations avec l’idéologie politique sioniste».
N. D.
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