Affaires Nekkiche et Nekkaz, mort d’une étudiante : le pays est sur une poudrière
Par Nabil D. – La justice s’est autosaisie dans l’affaire du viol présumé de l’étudiant Walid Nekkiche par les barbouzes de Wassini Bouazza, en novembre 2019, ont indiqué des sources concordantes. Une décision qui tend à calmer les esprits, après le vent de colère soulevé par cette affaire qui confirme le degré d’ignominie d’une poignée d’officiers qui ont usé et abusé de leur fonction sous Gaïd-Salah et qui se retrouvent aujourd’hui tous en prison.
Mais il n’y a pas que l’affaire du traitement abject subi par le jeune militant qui défraie la chronique, au point de trouver un large écho outre-Méditerranée où les médias relayent l’information et font notamment écho à l’entretien que l’étudiant a accordé au quotidien francophone Liberté, dont des passages ont été repris par l’agence française de presse AFP. En effet, la révélation de la dégradation de l’état de santé du prisonnier Rachid Nekkaz par son frère et son épouse étrangère a donné lieu à des manifestations dans certaines régions du pays et à travers plusieurs capitales en Europe et en Amérique du Nord. Le frère du détenu a clairement signifié qu’il ne faisait pas de la politique mais qu’il alertait l’opinion publique et qui de droit sur la maladie de Rachid Nekkaz, qui souffrirait d’un début de cancer et d’un kyste au foie. Son épouse a dû lancer un appel au gouvernement pour qu’il permette à son mari de se faire soigner dans des structures sanitaires adéquates hors de prison.
Alors que le pays était secoué par ces deux événements, la mort d’une étudiante électrocutée dans sa chambre au sein d’une résidence universitaire a sorti la communauté estudiantine de son silence pour dénoncer de graves manquements dans le secteur des œuvres universitaires. Une ancienne étudiante a affirmé, dans ce sillage, qu’elle a été témoin de mauvais traitements, de négligences, de détournements des denrées destinées aux étudiants par les agents et les responsables ainsi que des marchés douteux avec des fournisseurs indélicats qui destinent aux résidants de la nourriture dont la date de consommation arrive à expiration, et ce, a-t-elle assuré, avec la complicité de directeurs véreux.
Une enquête devrait être diligentée par les plus hautes autorités de l’Etat pour creuser dans ce marché juteux que sont les prestations dédiées aux étudiants. Une enquête dont l’étincelle sera partie d’une résistance de fortune utilisée par une étudiante en ces temps de froid, faute de chauffage et de nourriture chaude, selon de nombreux témoignages.
Le laisser-aller a atteint des proportions telles que le président Tebboune aura tout le mal du monde à redresser un pays dévasté par vingt ans de populisme et de rapine, alors que le deuxième anniversaire du 22 Février approche à grands pas et que les agitateurs via les réseaux sociaux, à partir de l’étranger et dans le pays, s’activent à en rallumer la mèche mal éteinte. Sauf que le caractère pacifique du Hirak risque de laisser place à la violence de ceux qui, comme les supporters du MCA qui ont saccagé le siège de Sonatrach, veulent rééditer le coup du 5 octobre 1988.
Le Président doit accélérer le nettoyage des rouages de l’Etat avant qu’il soit trop tard, pour pouvoir enfin lancer ses réformes qui font du sur-place, faute de compétence et d’abnégation des responsables choisis à la va-vite au lendemain de son avènement au pouvoir.
N. D.
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