L’affaire de l’étudiante décédée met à nu le populisme criminel de Bouteflika
Par Mohamed K. – Le décès tragique d’une étudiante à la cité universitaire d’Ouled Fayet a révélé au grand jour le populisme criminel de Bouteflika et de son système qui a duré vingt longues années et fait des ravages dans la société et dans l’économie algériennes. Les étudiants, qui avaient jusque-là tu leur détresse dans ces dortoirs en décrépitude, ont sauté sur l’occasion pour exprimer leur ras-le-bol quant aux conditions de vie inhumaines qu’ils y subissent et dénoncé les nombreux dépassements qui s’y déroulent.
Bouteflika était pressé de dépenser la manne pétrolière dans des projets structurants, disait-il. Il venait de prendre le pouvoir après une décennie de terrorisme qui a fait des dégâts énormes sur tous les plans. Après un début difficile, marqué par des calamités naturelles meurtrières à Bab El-Oued et à Boumerdès, les prix du pétrole se sont mis à grimper jusqu’à atteindre le plafond de 140 dollars le baril. Une manne qui devait servir à relancer la machine et rattraper le retard. Mais l’ancien ministre des Affaires étrangères de Boumediene, décrit comme un «homme d’Etat» par ceux qui l’ont placé au pouvoir, s’est vite révélé un politicien plus préoccupé par les intrigues du sérail et un Président dépassé par les événements et ignorant tout de la gestion des affaires de l’Etat.
Dès que les caisses avaient commencé à être renflouées, Bouteflika décide d’effacer les dettes des pays africains sans que, en contrepartie, l’Algérie ait pu arracher l’Afrique aux crocs des Français qui, au contraire, se sont installés militairement au plus près des frontières algériennes, au Nord-Mali. Dans le même temps, le Maroc lançait son offensive en direction de ses voisins du Sud, la Chine montrait ses ambitions gigantesques et Israël manœuvrait pour prendre sa part du gâteau dans sa partie orientale, y multipliant les investissements et les accords bilatéraux.
Aux experts qui le dissuadaient de rembourser la totalité de la dette et de plutôt injecter cet argent dans des fonds souverains et dans des investissements rentables à terme, il répondait, avec son habituelle arrogance qu’il savait ce qu’il faisait et qu’il n’avait de leçon à recevoir de personne. Vingt ans plus tard, les quelque 200 milliards de dollars engrangés fondent comme neige au soleil et le pays est toujours tributaire de la rente pétrolière à presque 100%. Autrement dit, l’Algérie n’a pas bougé d’un iota.
Puis vint l’étape de la relance économique, marquée par de gros chantiers confiés à des ministres incompétents, nommés dans le cadre de l’équilibrisme politique auquel le président déchu s’était adonné depuis le premier jour de sa prise de fonctions. Fondée sur une démarche démagogique, la construction d’universités, de routes, d’usines, de logements, de barrages, etc., avaient pour unique but de montrer un pays en voie de rejoindre le cercle fermé des Etats émergents, incarnés par les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) mais qui, en réalité, faisait du surplace. Une stagnation qui avait été, un moment, camouflée par l’amélioration factice du niveau de vie des Algériens, traduite par l’engouement pour l’achat de voitures et autres produits électroménagers bas de gamme.
L’école était livrée aux islamistes, l’université à la dérive, la mosquée aux charlatans, les médias audiovisuels aux amuseurs. Les jeunes privés d’une bonne formation quittent le système éducatif sans aucun niveau et sont abandonnés à l’oisiveté, mère de tous les vices : drogue, violence, extrémisme religieux, émigration clandestine, etc. Bouteflika continuera pourtant à inaugurer des édifices sans âme, présentés comme autant d’acquis pour le citoyen, pendant que ce dernier s’enlisait dans sa mal-vie et s’essoufflait dans sa bataille quotidienne contre le déni de droit, le népotisme et la confiscation de ses richesses par une nomenklatura cupide et sans vergogne.
C’est à cette situation apocalyptique que le successeur de Bouteflika devra faire face. Une situation catastrophique à laquelle l’inculte Gaïd-Salah a ajouté son grain de sel.
M. K.
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