Nouvel écart de l’agence Sputnik : média russe ou américano-franco-marocain ?
Par Kamel M. – L’agence de presse Sputnik a commis un énième écart, ce vendredi, en qualifiant le Sahara Occidental de «Sahara marocain» dans un article dédié à la réaction du président du Parlement marocain à son homologue algérien contre lequel il semble très remonté suite à l’appel lancé au président américain, Joe Biden, de revenir sur la décision de son prédécesseur relative à la reconnaissance de la marocanité du Sahara.
Le média russe n’en est pas à sa première incartade. En mars 2019, l’édition francophone de Sputnik, infiltrée à partir d’Alger, relayait déjà des informations allant dans le sens contraire de la position officielle de Moscou, qui refuse toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie. Les articles de Sputnik France seraient rédigés par les mêmes journalistes qui officient dans un média local qui se sert de ce support international pour rabattre les lecteurs de l’agence russe présente dans des dizaines de pays. Des observateurs avertis n’ont pas manqué de faire ce constat en s’interrogeant sur l’absence de réaction de la direction centrale de Sputnik, qui se laisse ainsi entraîner dans une ligne éditoriale contraire à ses principes et ostensiblement arrimée à la politique étrangère d’un pays occidental avec lequel la Russie est en conflit ouvert dans la crise syrienne.
En juin de la même année, rebelote. Sputnik attribue à Abdelaziz Rahabi des propos que ce dernier démentait avoir tenus, affirmant qu’il n’avait fait aucune déclaration à aucun média. Cette «bévue» intervenait au moment où l’ancien ambassadeur à Madrid jouait un rôle prépondérant dans la préparation de la conférence de l’opposition en vue de l’ouverture d’un dialogue avec le pouvoir en place. Un mois à peine plus tard, l’agence «russe» commettait une nouvelle forfaiture, en se distinguant par une couverture partiale et douteuse des événements concernant l’Algérie. Rendant compte des manifestations de joie qui ont éclaté un peu partout en France après la qualification de l’équipe nationale algérienne en demi-finales de la Coupe d’Afrique de football qui se déroulait en Egypte, ce média mettait en exergue quelques scènes de pillage de magasins à Paris, en marge d’un rassemblement festif.
Rapporté aussi par l’AFP et des journaux parisiens – un fait tout à fait marginal et négligeable par rapport aux scènes de liesse populaires et de cortèges de voitures qui ont plutôt mis de l’ambiance dans les rues de la capitale française –, ce dérapage était présenté par Sputnik comme le fait saillant de cette soirée historique pour les Algériens de France. Le correspondant de ce média public russe accusait implicitement des Algériens d’être derrière les débordements. «Peu avant minuit, des groupes s’en sont pris à trois magasins de motos situés sur l’avenue de la Grande-Armée, tandis qu’à quelques mètres d’autres continuaient à faire la fête. Une fois la vitrine cassée, plusieurs dizaines de personnes ont pillé deux magasins (…).»
Le site de l’agence avait publié plusieurs photos de vitrines brisées et de magasins de motos saccagés, reléguant ainsi au second plan les belles et joyeuses images des manifestations de jeunes Algériens qui avaient épaté les passants et réussi, par-là même, à ancrer l’image idyllique que les peuples du monde entier ont gardée des Algériens depuis le début des manifestations de contestation contre le système.
Cette fois-ci, Sputnik a poussé le bouchon encore plus loin en se faisant le relais du Makhzen dont elle amplifie les déclarations hostiles à l’Algérie et en se joignant à Donald Trump dans sa supercherie de la marocanité du Sahara, balayée dès la prise de fonction de son successeur à la Maison-Blanche dont l’administration a rétabli la ligne de démarcation qui sépare le Maroc et le Sahara Occidental.
K. M.
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