Une association française appelle à ne pas remettre les archives à l’Algérie
Par Mohamed K. – Le président d’une association dénommée l’Alliance pour la souveraineté de la France exhorte l’Etat français à ne pas remettre les archives algériennes à l’Algérie, considérant qu’«il y a là une atteinte profonde à la souveraineté de la France». Bernard Chalumeau, dont l’appel a été relayé par l’extrême-droite, estime que ces archives «appartiennent à la France», qu’elles «n’ont rien à faire à l’étranger» et que «c’est pour cette raison qu’elles ont été rapatriées».
Cet appel intervient au lendemain du rapport controversé de Benjamin Stora, accueilli avec scepticisme aussi bien en Algérie qu’en France. Au lieu d’apporter la sérénité voulue par les présidents des deux pays à travers une écriture commune de l’histoire de la Guerre d’Algérie, l’initiative a foiré dès la remise du rapport par l’historien à Emmanuel Macron qui en a anéanti le contenu avant même sa réception, en déclarant qu’«il n’y aura ni excuses ni repentance». Une déclaration dénoncée par l’auteur même du rapport qui y voit un «jeu politique».
Pour l’Alliance pour la souveraineté de la France, qui se réfère au Code français du patrimoine, ces archives «sont imprescriptibles et nul ne peut les détenir sans droit, ni titre» et «sont destinées à être conservées et versées dans un service public d’archives dans des conditions fixées par décret en Conseil d’Etat». Elles «doivent pouvoir être consultées librement par le peuple français, ce qui pourrait ne plus être le cas en cas de transfert à la République algérienne», argue son président qui craint qu’«à leur lecture, la République algérienne en vienne à réclamer des dédommagements à notre pays qu’il nous faudra couvrir par l’impôt» et qu’elles puissent «contenir des informations devant être tenues secrètes regardant l’atteinte à la sécurité de la nation, à ses intérêts fondamentaux, aux institutions de la République, à l’intégrité du territoire et à la souveraineté de la France, en attente de déclassification».
Dans son argumentaire, Bernard Chalumeau estime que ces archives «peuvent contenir des documents dont la lecture est susceptible de faire renaître des rancœurs pouvant détériorer les rapports entre la République algérienne et la République française», en s’interrogeant sur «l’intérêt de cette requête dès lors qu’a priori les documents numérisés déclassifiés doivent pouvoir être consultés» sur Internet. «Nous n’estimons pas souhaitable que cette partie de nos archives nationales soit transférée physiquement à la République algérienne», conclue ladite association qui sollicite des «juristes prêts à consolider cette première approche» qu’ils la conseillent sur la «conduite à tenir» pour empêcher le transfert des archives en Algérie.
Comme on le voit, le contentieux algéro-français est loin d’être soldé.
M. K.
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