Quand la France avoue que le soutien au FIS était une «naïveté» et une «cécité»
Par Mohamed K. – Dans son livre Le Séparatisme islamiste, manifeste pour la laïcité, le ministre français de l’Intérieur prend le chemin inverse de celui, fatal et hasardeux, emprunté il y a trente ans par le socialiste François Mitterrand. Le constat de Gérald Darmanin sur la menace islamiste est sans appel. «Les Français, écrit-il, attendent que les gouvernants se saisissent avec vigueur de ce danger. Sans naïveté, sans faiblesse, sans fausses pudeurs.» Se ressaisissent, plutôt, oserait-on dire.
«L’islamisme est un cheval de Troie renfermant la bombe à fragmentation de notre société. Il a gangréné tous les pays dans lesquels il a pu prendre une once de pouvoir : en Iran, en Afghanistan, au Soudan, au Yémen, en Algérie, en Syrie ou en Irak, il a laissé derrière lui de la violence, du sang et des morts. Il est là aujourd’hui, en Europe. En France. Face à un ennemi si dangereux et si insidieux, dont on sait qu’il est bien loin de la religion du Prophète, il est normal que les pouvoirs publics prennent des mesures sans précédent. Ces mesures reviennent à suivre ad litteram les principes de la République et à conforter leur respect par chacun de ceux qui vivent en son sein», a enfin compris l’architecte de la loi sur les séparatismes qui, on le voit, cible principalement l’islam politique, même si, par une certaine pudeur, ses initiateurs tentent d’esquiver cette réalité.
Dans leur lutte contre la menace extrémiste islamiste, les Français réagissent trois décennies après l’arrêt salvateur du processus électoral biaisé de décembre 1991 en Algérie. A cette époque-là, le pouvoir était entre les mains du Parti socialiste conduit par un Mitterrand, qui adoubait le FIS pour semer la pagaille dans l’ancienne colonie où il fut ministre de l’Intérieur quand les soldats de Bigeard torturaient impunément. Darmanin y voit une «naïveté», une «autoflagellation» et une «cécité».
«Ce qui semblait définitivement disparu en France, l’idée d’une supposée loi de Dieu s’imposant à la loi des hommes, est reparu. Reparu à force d’illusions, naïfs que nous avons été. Reparu à force d’autoflagellation», souligne Gérald Darmanin qui regrette que l’islamisme ait pris «méthodiquement» le contrôle de «tous les aspects de la vie sociale» et «attire à lui de nombreux individus cherchant une explication à un monde devenu infiniment complexe et où les injustices persistent». «L’islamisme, ce fait social total, joue de notre angélisme, de nos doutes et de notre cécité. Il a opéré une véritable OPA sur l’islam, encore en adaptation à l’Occident», note-t-il.
La France officielle a compris que l’islamisme, «l’idéologie la plus puissante à l’œuvre dans le monde contemporain, a privé l’islam de parole, donnant des semblants de certitudes à ceux qui doutent en plein chaos, manipulant la religion, pour s’insinuer pleinement dans la société française, pour la combattre et finalement s’en séparer». «Voici comment des millions de musulmans se trouvent pris en otage par les militants politiques islamistes», constate le ministre français originaire de cette Algérie meurtrie par plus de dix ans de terrorisme islamiste sanguinaire. «Voici comment une société se réveille attaquée par un ennemi pervers qui stigmatise, insulte, calomnie quiconque combat ce serpent venimeux», commente-t-il dans son opuscule.
Aujourd’hui, trois décennies après que François Mitterrand eut ouvert les portes de la France aux nervis du FIS et pris leur défense en exigeant sur un ton paternaliste des autorités algériennes qu’elles «rétablissent le processus démocratique», la France veut affronter l’hydre islamiste qui n’aurait pas pu frapper sur son sol si des cercles français n’avaient pas couvert les crimes du GIA en les attribuant à l’armée algérienne, qui combattait en même temps le terrorisme et une campagne enragée menée à partir de cette même France «naïve» et «non voyante».
M. K.
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